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Enseigner la littérature au cycle 3

C’est en 2002 que la littérature a fait son entrée dans les programmes de l’école élémentaire comme discipline à part entière, même si les maîtres n’avaient pas attendu cette date pour utiliser des œuvres littéraires dans le cadre des activités de lecture. Les nouvelles orientations ont alors dérouté : que fallait-il faire d’autre que ce qui se faisait déjà, que pouvait-on faire d’autre et comment ? Cet ouvrage donne de nombreux éléments de réponse, en un constant va-et-vient entre apports théoriques et mise en œuvre d’activités.
Une première partie est centrée sur les objectifs, donc sur ce qui fait la différence entre utiliser un texte littéraire comme simple support de lecture et étudier la littérature : qu’est-ce que construire une culture littéraire, objectif désormais fixé à l’école et surtout au cycle 3 ? Après avoir esquissé une définition de la littérature, dont ils rappellent qu’elle est aussi une discipline artistique – un aspect trop souvent oublié – les auteurs montrent qu’une culture littéraire n’est pas seulement une série de souvenirs de lecture mais qu’il y a culture quand les œuvres se font écho dans l’esprit du lecteur, s’organisent en «constellations qui renvoient à de grandes figures» structurant les relations entre protagonistes de l’action et incarnant des problèmes auxquels est universellement confrontée l’humanité (l’artiste, le voyageur, la liberté, le trompeur, etc., sont quelques-unes de ces figures). Cette partie aidera les maîtres à comprendre quel pas il y a entre considérer la littérature comme réservoir de textes à lire et étudier la littérature pour elle-même dans une optique culturelle, ce qui est l’ambition des programmes actuels.
Les deux parties centrales partent de problèmes concrets. Organisée autour des grands objectifs que sont «dire, lire, écrire», la seconde partie répond à une série de questions : comment comprendre et interpréter un texte, comment étudier une œuvre complète en deux ou trois semaines, comment travailler la lecture en réseau, quelle palette d’activités d’écriture utiliser, comment passer de l’étude littéraire au débat philosophique, etc. Nul dogmatisme ici, par exemple alors que la promotion des œuvres complètes a parfois été comprise comme une exclusion de l’usage de l’extrait et des anthologies, les auteurs montrent la complémentarité entre les unes et les autres. À noter particulièrement, les pages consacrées à la lecture à voix haute (avec des exemples de textes de prose dont le théâtre et de poésie), à l’utilisation de l’oralisation pour entrer dans le sens des textes, pages qui renouvellent une activité nécessaire que des pratiques figées ont un temps discréditée. Chaque entrée est abordée à partir d’un compte rendu de pratiques, analysé, commenté et largement illustré d’extraits d’échanges oraux en classe ou de productions d’élèves. La troisième partie donne des repères pour construire des programmations et s’attache plus spécialement à montrer comment conjuguer le principe de répétition (pour que s’installent les «routines qui rendent l’attention disponible») et le principe de variété des expériences de lecture, supports, genres et figures littéraires abordés.
L’ensemble se clôt sur un «petit dictionnaire» des notions, précieux outil de référence.
Un ouvrage qui peut se lire de façon linéaire ou être consulté en fonction des centres d’intérêt, destiné autant aux débutants qu’aux maîtres expérimentés désireux d’approfondir leurs connaissances et leur réflexion. Un ouvrage qui donne envie de s’inspirer des exemples fournis et des directions de travail proposées pour s’adonner à son inventivité pédagogique personnelle.

Élisabeth Bussienne