Novembre 1974. Le début du septennat de Giscard d’Estaing est marqué par une série de réformes de société (la légalisation de l’IGV est discutée ce mois-là à l’Assemblée, etc.). Pour ce qui est de l’Éducation nationale, le nouveau ministre, René Haby, tout en affirmant qu’il poursuivra l’œuvre de son prédécesseur, Joseph Fontanet, ne se précipite pas pour revoir ces projets qui deviendront en 1975 la réforme Haby. C’est dans cette période entre deux réformes que les Cahiers pédagogiques ouvrent la question de l’articulation entre l’enseignement général et l’enseignement technique, dans un dossier intitulé « À orienter vers le technique… ». L’éditorial signale « depuis bientôt trente ans qu’ils existent, les Cahiers pédagogiques n’ont consacré qu’un numéro à l’enseignement technique (n° 16, 1959 !)». Après tout, ceci est le reflet d’un phénomène général : l’enseignement technique et l’orientation sont négligés des médias et des réformes. Dans les faits, ce n’est pas tout à fait vrai, ainsi une importante réforme de l’orientation a été engagée en 1973, mais elle entre en vigueur très lentement (cinquante-trois départements concernés à la rentrée 74). Et que dire du silence dans lequel sont tenus alors les problèmes de l’enseignement outre-mer ? En donnant la parole à quelques enseignants de l’enseignement technique de Martinique, les Cahiers ne comblaient pas ces lacunes, mais contribuaient à mettre pour une fois en lumière ces éternels oubliés. À la lecture de ces propos d’enseignants de Martinique et de métropole (encadrés), on mesurera le chemin parcouru (ou pas) dans les faits (enseignement professionnel, orientation, enseignement outre-mer) plus que dans les discours sur la marginalisation.