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Au coeur de la formation (5/5)
L’ESEN en cinq tableaux :
**La logistique (1/5)
**Témoignages et formation des chefs d’établissements, formation des inspecteurs (2/5)
**La formation des personnels scolaires, l’innovation pédagogique et le numérique (3/5)
**International et partenariats, enseignement supérieur et recherche et deux témoignages de chefs d’établissements stagiaires (4/5)
**Le centre de ressources, le secrétariat de direction et le directeur de l’école (5/5)
Autour de leurs 28 000 ouvrages et d’un gros travail autour de la presse professionnelle, le centre de ressources peut envisager une évolution en profondeur vers un learning centre, dont un des objectifs sera de personnaliser davantage les formations. Nicole Siebert et Emmanuelle Mathevon voient déjà très bien ce que cela demanderait : « Nous prévoyons d’avoir des plages réservées à un travail individuel sur place pour approfondir. D’où l’idée d’avoir des espaces de groupe, de travail individuel, à distance, en présence. » Emmanuelle Mathevon précise la donne : « Nous voulons faire de ce lieu un lieu de rencontre autour des ressources, d’un espace actualité. » La visite s’achève près de l’espace réservé aux Cahiers pédagogiques. «Nous constatons la disparition de nombre de titres de revues et nous sommes particulièrement conscientes de leur fragilité. Alors nous veillons à les soutenir et les protéger. » Que l’on soit rassuré : les Cahiers pédagogiques sont ici entre de très bonnes mains.
Il ne reste plus qu’à rencontrer Jean-Marie Panazol, directeur de l’établissement. Et juste avant, Catherine Ficheux, son assistante, qui avait préparé mon séjour. Préparation réussie puisque tout a été respecté à la minute. Nul doute, la fonction de Catherine Ficheux est centrale dans l’accueil des extérieurs comme dans la gestion interne. Elle le confirme : « Mes fonctions me conduisent à travailler au quotidien avec le directeur sur l’organisation, la gestion, la communication et également avec le secrétaire général sur des dossiers tels que l’organisation de manifestations officielles, les visites ministérielles, de parlementaires, la gestion d’affaires sensibles. J’organise également une réunion logistique hebdomadaire avec les assistants de formation et d’accueil. L’objectif de cette réunion est de s’assurer et de garantir, tout au long de la chaîne des opérations logistiques de la formation, que la qualité du service rendu à l’usager, quel que soit son statut (stagiaires ou intervenants) est conforme à la démarche qualité mise en place au sein de l’école. »Démarche qualité… On imagine bien les protocoles qui se cachent derrière. On imagine aussi la difficile gestion du temps qu’évoque Catherine Ficheux : « Il faut savoir anticiper les difficultés, se fixer des priorités, planifier ses activités de façon rigoureuse afin de travailler sur l’ensemble des dossiers, veiller en permanence à la bonne compréhension des enjeux par mes collègues. »… et rester disponible et souriante pour les sollicitations diverses. Travail de relation, de service, qui nécessite une vision certainement des plus larges sur l’activité de l’établissement.
« Une activité de plus en plus intense… », précise Jean-Marie Panazol, directeur de l’ESENESR. En effet, 2014 s’annonce comme une année record, avec 35% de hausse de l’activité, soit 45.000 journées de formation, dont un tiers à distance. « Le tout, à moyens constants… ». Les objectifs de Jean-Marie Panazol et les moyens d’y parvenir ne sont pourtant pas, eux, quantitatifs : « La question est d’améliorer en permanence nos formations, de mieux répondre aux attentes des stagiaires et de l’institution. Pour cela, nous devons chaque jour réfléchir à l’amélioration de la vie collective. Ce “mieux vivre ensemble” est essentiel. Mais c’est une réflexion d’équipe, pas d’individus. Et la démarche qualité dont vous a parlé Catherine Ficheux n’est pas de type normatif. Mon souhait est justement de sortir d’une hiérarchisation rigide.Alors nous travaillons autour de projets d’équipes, qui rapprochent les compétences des uns et des autres. Nous savons que nous devons être plus efficaces sur des tâches répétitives, décloisonner les missions des uns et des autres et nous concentrer sur l’essentiel. » Les projets ? Le site internet qui sera refondu, le centre de ressources, qui sera transformé en “learning training center”. Les méthodes ? Surtout pas de pilotage par le mail et la note de service : « Ce qu’il faut, c’est échanger, se parler entre services. Par exemple chez nous la logistique, les transports, la restauration, l’hébergement sont centraux et intégrés dans toute organisation de formations. »
Jean-Marie Panazol a été secrétaire général dans une PME et est passé par l’école normale supérieure, mais le système éducatif, il l’a connu à différents niveaux puisqu’il a été professeur d’éco-gestion techno-pro en zone sensible à Créteil avant de devenir IA-IPR, Inspecteur général, doyen du groupe éco-gestion et de travailler dix mois au cabinet de Vincent Peillon. Il y a peu à peu construit une certaine image du leadership : « Pour moi, c’est une école de l’humilité : la légitimité ne vient aucunement du galon, mais de la manière de se positionner par rapport aux autres, de communiquer, de convaincre, de respecter les hommes et les femmes avec lesquels je travaille, valoriser leurs compétences plutôt que stigmatiser leurs faiblesses… ».
Alors, l’ESENESR, machine à former ou organisation artisanale de formation ? Les dernières phrases de Jean-Marie Panazol font conclure à l’artisanal, dans cette organisation pourtant ample et rigoureuse. Parce que la donnée essentielle, donnée de base, est pour lui le temps, celui qui cherche à placer sur le bon rythme et pas à contretemps des réformes, des changements. Parce que l’on n’y néglige alors pas ce qui se sent : la pulsation. Le pouls du système éducatif, l’ESENESR y est en contact direct, au cœur des politiques scolaires du moment. « Ici, à Poitiers, on voit tout, on ressent tout. » s’amuse Jean-Marie Panazol.
Et l’on perçoit alors les changements qui s’annoncent : l’évaluation des personnels qui sortira de plus en plus de l’inspection individuelle pour s’étendre à des équipes, impliquées ; la prise en compte du bienêtre pour mieux travailler ensemble ; la formation à distance et passant par l’accompagnement personnalisé.
Tout semble déjà là, à l’ESENESR. Si l’on tend l’oreille, le pouls de l’école, oui, on l’entend battre.
Christine Vallin