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Apprivoiser l’épistémologie
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Gérard Fourez nous avait habitués à une réflexion épistémologique (cf. Nos savoirs sur nos savoirs ou Approches didactiques de l’interdisciplinarité) jamais déconnectée de réflexion éthique (Éduquer : écoles, éthique et société). Marie Larochelle, était sur un créneau très proche (cf. Autour de l’idée de sciences, en collaboration avec Jacques Desautels).
Travaillant en collaboration, ils nous livrent un ouvrage remarquable d’intelligence, fourmillant d’exemples, écrit comme un manuel dans le domaine de l’épistémologie scolaire : Apprivoiser l’épistémologie.
Dans leur avant-propos les auteurs précisent ce qu’ils entendent par épistémologie, élargissant cette discipline à l’étude du « comment les êtres humains réfléchissent et pensent ». Ainsi la distinguent-ils de la métacognition, mais pas suffisamment peut-être des théories de la connaissance (rationalisme, empirisme, idéalisme) et des théories de l’apprentissage (behaviorisme, constructivisme, socio-constructivisme).
Le découpage de l’ouvrage adopte dès lors une approche volontairement étendue de l’épistémologie qu’on retrouve au long des chapitres.
– Chapitre I : De la représentation du monde à partir des cartes.
Les auteurs par cette image insistent sur la dimension forcément subjective de notre rapport au monde. « La fonction des représentations, c’est de tenir, dans les conversations, la place du réel complexe comme une carte tient lieu de territoire. Le développement des connaissances se fait par l’invention de nouvelles représentations. »
– Chapitre II : La mise en récit des méthodes scientifiques et la place du sujet.
Il est question de la manière dont la science est rapportée. « Certains récits cachent la dimension humaine, tandis que d’autres la mettent en valeur. »
– Chapitre III : Les pratiques et les traditions scientifiques.
« Les sciences peuvent être vues comme le résultat d’un désenchantement du monde par le voyageur et le marchand qui créent ainsi un autre regard et d’autres pratiques. Les sciences peuvent être dites universelles, en tout cas partiellement, à la manière dont l’anglais est devenu universel, c’est-à-dire à la faveur d’une domination économique, politique et militaire. Dans un autre sens, les sciences sont partielles voire partiales et partisanes. »
– Chapitre IV : Les disciplines scientifiques, un magnifique patrimoine culturel.
« Il y a des disciplines scientifiques et des disciplines professionnelles. On peut parler de disciplines chaque fois qu’on a une communauté distincte, une manière d’agir et de voir le monde, se reconnaissant elle-même et reconnue par la société. Ces disciplines se construisent en fonction d’intérêts divers. Les approches disciplinaires ont un grand avantage : celui de simplifier des problèmes complexes. Mais elles ont un grand inconvénient : celui de biaiser des problèmes complexes en les simplifiant. »
– Chapitre V : Une multiplicité de pratiques scientifiques.
Il y est question entre autres de la manière dont les disciplines naissent, vivent et meurent, de la transversalité et de la transférabilité.
– Chapitre VI : Quelques démarches scientifiques dont on parle à l’école.
« Le laboratoire (comme l’hôpital)est un environnement tel que les situations se présentent dansle cadre d’un paradigme disciplinaire : quand il le faut, les corps tombent sans frottement, les produits sont purs et les cultures biologiques ne meurent pas. Certains enseignants essaient de convaincre leurs élèves que les résultats scientifiques sont des vérités. D’autres se contentent d’essayer de montrer que les résultats scientifiques sont des représentations particulièrement efficaces, bien testés, bien standardisés et fiables du monde. Ces deux positions se trouvent dans des postures différentes quand il s’agit de légitimer l’imposition aux jeunes d’un apprentissage des disciplines. »
– Chapitre VII : Au-delà de l’épistémologie des disciplines scientifiques.
La réflexion éthique est convoquée pour interroger les approches précédentes.
Apprivoiser : de ad-privatus, rendre privé, s’habituer à.
Sans doute l’ouvrage conduit-il à rendre familier un domaine généralement abstrait, et en permet-il une appropriation facilitée. Il s’agit bien d’apprivoiser, de se familiariser avec l’épistémologie (ne devrait-on pas dire plus précisément Apprivoiser une épistémologie des savoirs scolaires ?).
Michel Develay
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