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« C’est juste administratif »

Récemment, deux anecdotes m’ont rappelé que « administratif » pouvait s’apparenter à « il n’y a rien à faire » dans l’esprit de certaines personnes. Ainsi, en juin dernier, le directeur de l’école dans laquelle je travaille à mi-temps me dit : « Au fait, il fallait inscrire quelqu’un dans le tableau d’organisation des services, alors je t’ai mise sur les cours d’anglais au CP. » Surprise, je lui réponds que j’allais donc devoir enseigner l’anglais en cours préparatoire. Et lui de me répondre : « Oh mais c’est rien, c’est pour la circonscription, c’est juste administratif ! » Eh bien évidemment, le « juste administratif » s’est transformé en deux (agréables et conviviales) heures d’enseignement par semaine de l’anglais au CP. Presque rien, n’est-il pas ?

En début d’année scolaire, le principal du collège avec lequel je travaille en tant que coordonnatrice d’un réseau d’éducation prioritaire me parle du recrutement de deux volontaires du service civique et me propose d’y participer. Les entretiens s’organisent, deux jeunes sont embauchées. L’information est transmise au service compétent du rectorat et là, on nous demande qui est le tuteur des volontaires. Le principal m’interpelle : « Rachel, si ça ne t’ennuie pas, en tant que coordonnatrice, comme le recrutement est pour le réseau et qu’elles vont travailler dans les écoles, tu pourrais être leur tutrice. — Pourquoi pas, mais ça consiste en quoi ? Oh, c’est juste administratif ! » Le suivi « juste administratif » des services civiques, c’est le suivi de leur contrat, l’organisation de leur emploi du temps dans quatre écoles du REP (réseau d’éducation prioritaire), un entretien hebdomadaire de trente minutes recommandé par le rectorat, la gestion des absences en cas de maladie, l’accompagnement dans leur parcours personnel et leur orientation future, c’est juste presque rien, n’est-il pas ?

Rachel Harent
Professeure des écoles dans le Finistère