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La réforme du collège : oui, nous avons à y gagner !

Le collège dans son fonctionnement actuel aggrave les inégalités sociales, il doit changer. C’est l’intérêt des élèves et de leurs familles, c’est également celui des personnels : la refonte des programmes devrait rendre ses exigences plus lisibles et ses objectifs généraux sont clairement indiqués par le socle commun. Dans sa nouvelle mouture, celui-ci, même imparfait, représente une avancée, bien plus que le précédent qui ressemblait plus à un patchwork qu’à un ensemble structuré. Ce socle inclut une dimension culturelle qui parait essentielle à nous tous. Les programmes seront ouverts sur le XXIe siècle en mettant en avant la créativité, la nécessité d’ «apprendre à apprendre», de savoir coopérer. La priorité doit être non pas de «faire le programme», mais d’enseigner de sorte que les élèves apprennent sur le long terme.

Les enseignements pratiques interdisciplinaires ne sont pas sans rappeler les itinéraires de découverte, qui ont laissé de bons souvenirs à nombre d’entre nous, mais ils sont d’une autre ampleur, avec pour horizon une épreuve reprenant des aspects de celle d’Histoire des Arts. Ces EPI sont l’occasion de relier des savoirs, de donner plus de sens à notre enseignement. En aucun cas ils ne sont conçus comme des passe-temps mais comme des leviers, des laboratoires où s’expérimentent d’autres pratiques transversales en relation avec le programme, avec des allers-retours entre nos disciplines respectives. Comment penser que chacune d’elles n’ait pas beaucoup à gagner à ce dialogue fécond ?

La réforme propose aux établissements de s’organiser, d’utiliser des champs d’autonomie pour disposer d’heures non fléchées disciplinairement, pour adapter les dispositifs d’accompagnement au contexte local. Nous réclamons souvent cette liberté organisationnelle, elle permet de mettre en œuvre ce fameux «empowerment» qu’il est difficile de traduire en français et qui est la capacité à agir dans son propre métier, bien au-delà de la «liberté pédagogique» solitaire. Quelle négation de l’intelligence collective des enseignants que de laisser croire, comme le font certains, que cette liberté se traduirait forcément en foire d’empoigne autour d’attributions d’heures ! Laissons les éternels «professeurs de désespoir» à leur dénigrement de toute tentative d’évolution. L’immobilisme conforte l’échec scolaire de trop d’élèves, ne permet pas de faire face aux discriminations et laisse trop de jeunes sur le bord du chemin.

Bref, on nous propose de nous emparer davantage de marges de manœuvre, d’inventer de nouveaux dispositifs, de chercher ensemble à donner plus de sens aux apprentissages proposés aux élèves, d’abandonner la rigidité d’un fonctionnement trop bureaucratique au profit d’une organisation plus collective, plus mobilisatrice de tous les acteurs, plus stimulante. A nous de travailler avec les chefs d’établissement et le conseil pédagogique, pour être à la hauteur de ces nouveaux défis en termes de mise en œuvre. A l’institution d’organiser une vraie formation-accompagnement et des formes de mutualisation des pratiques. A nous de demander aux inspecteurs d’être des impulseurs, dans la confiance et la patience, car ces changements doivent s’inscrire dans la durée. A nous d’expliquer aux parents et aux élèves tout ce qu’ils auront à gagner à cette réforme qui, même si elle aurait pu être plus ambitieuse encore, va dans le sens d’une école plus juste et plus efficace.

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