Rendre les maths aux élèves qui les étudient
Mai 1978. Définitivement mis au point le dernier jour de l’année 1977, le dossier des Cahiers pédagogiques intitulé « Apprendre sans manuel », auquel cette rubrique a déjà emprunté récemment un texte d’orientation du Comité de liaison pour l’éducation nouvelle, tentait, à quelques mois d’élections décisives pour le pays, d’aborder de façon concrète la question du rapport au pouvoir des contenus et des formes d’enseignement.
Dans un texte de conclusions du dossier, c’est à cette dimension politique des manuels scolaires que Claude et Pierre-Jean Galtayries s’en prenaient : « Pierre de touche de l’enseignement tel que le système capitaliste la construit, ils ont assuré sa continuité et sa conformité et ils sont prêts à s’adapter à d’autres formes de gouvernement. Mais tout pouvoir qui leur laissera le champ libre renoncera, de ce fait, à donner à l’enseignement l’espace vital indispensable aux transformations que nous souhaitons. » Nous publions ici un plus long extrait de ce texte militant qui témoigne du lien fort qui s’établissait alors, à travers les Cahiers pédagogiques, entre l’exercice du métier d’enseignant au quotidien et l’engagement dans la transformation de la société. C’est ce lien fort qu’illustre l’article de Dominique Guy, professeure de mathématiques et membre du bureau de la fédération des CRAP. Travailler sans manuel, n’était-ce pas ouvrir la possibilité de la création par l’enseignant de situations d’apprentissage où les élèves, confrontés à des problèmes complexes, cherchent, construisent, développent des compétences ? Certes le vocabulaire a changé, mais l’horizon reste le même, alléger le poids des cartables et celui des arguments d’autorité pour libérer les bras, les épaules et surtout les têtes des élèves.