Mai 1965. Le système scolaire français ploie sans rompre tout à fait sous le poids de la massification. Les Cassandre réactionnaires s’en donnent à cœur joie : « On ne pourra bientôt plus enseigner, le gout des belles œuvres se perd. Avant de les initier à la littérature, à l’histoire, aux mathématiques, il faudrait déjà qu’ils maitrisent la langue française ! » Tous ces grincheux, que ne lisaient-ils les Cahiers pédagogiques ? Le dossier du numéro 54 était consacré à l’enseignement du français. Un volumineux dossier : cent-sept pages ! Et dans une typographie minuscule, pas une image, pas un dessin : du texte. La première partie du dossier s’intitulait « l’étude des œuvres », la seconde « l’enseignement littéraire et la démocratie de la culture » et la troisième « l’expression française écrite et orale ». C’est dans cette partie que nous avons recueilli le texte qui suit : finement écrit, délicieusement désuet dans sa forme comme pour certaines de ses considérations sur la langue et encore provocateur dans son exigence d’enseignement de la conversation ! Traduit dans la langue d’aujourd’hui, l’argument de son article pourrait être : la parole, c’est la langue sans la maitrise !