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Revue de presse du 17 octobre 2021

Samuel Paty – Laïcité  -Débats -Couleurs

La revue de presse porte les traces du chagrin partagé en mémoire de Samuel Paty. Le deuil et les hommages laissent effleurer des réflexions essentielles autour de la laïcité et de son enseignement. Le monde de l’éducation s’interroge aussi sur la formation des enseignants et le système d’orientation. Le monde de l’éducation est profondément triste et à la fois foisonnant. Il est intensément vivant.

Illustration Fabien Crégut

Samuel Paty : témoignages

L’émotion est vive, intacte, l’effroi n’est pas amoindri. Un an après son assassinat, le pays rend hommage à Samuel Paty. La presse nous parle de l’homme, de l’enseignant. Mickael Core dans La Croix (réservé aux abonnés) retranscrit avec délicatesse les mots de sa sœur, Gaëlle Paty, libraire à Marciac dans le Gers. Elle raconte l’enfant puis l’adolescent qui « passait des heures dans sa chambre à lire Platon, Voltaire… » et avait une prédilection pour les éditions de La Pléiade. Elle parle de l’enseignant « Samuel était quelqu’un qui essayait de bien faire les choses. Ça lui tenait à cœur de faire réfléchir les élèves. Pas de leur faire ingurgiter les programmes ». Elle dit avoir retrouvé son frère dans les pages de son mémoire de maitrise publié il y a quelques semaines. « Elle aimerait qu’on se souvienne de son frère pour sa curiosité et sa soif d’apprendre ». La brutalité de l’acte, celle de l’annonce par la presse précédant tout contact officiel, l’immense chagrin, elle les a surmontés depuis sa librairie, touchée par les attentions de ses clients, de ses voisins, de l’aide des cortèges anonymes. « Je ne savais pas que les manifestations populaires pouvaient soutenir à ce point, ça vous soulève » … « Aujourd’hui, je veux remercier tous ceux qui ont manifesté leur empathie et leur volonté que cela n’arrive plus. »

Elisa Maudet pour Libération et Sonia Princet de France-Inter sont allées rencontrer des collègues de Samuel Paty au collège du Bois d’Aulne de Conflans Saint-Honorine. Eux non plus n’avaient jamais parlé à la presse. L’émotion est encore là, les larmes proches des mots. « Pour aller en salle des profs, on passe devant sa salle, je passe devant le cœur serré, le cœur gros parce qu’il n’est plus dans sa salle. Il n’y a pas un matin où on ne pense pas à lui » confient deux enseignantes. Il y a le poids de l’absence et il y a la peur toujours présente. « Des fois, lorsque je me gare, j’ai peur d’aller jusqu’à chez moi, on ne sait jamais ce qui peut se passer. Et là dernièrement, depuis la rentrée, il y a beaucoup de moments où j’ai peur. Je me retrouve même à fermer la porte de ma chambre à clé, j’ai des petits coups de pression comme ça que je n’avais pas avant. » explique Fabien. Ils racontent la difficulté de reprendre les cours l’an passé après les vacances de la Toussaint, le manque de soutien, d’accompagnement psychologique et les chaises vides laissées par les collégiens mis en examen pour complicité d’assassinat. Ils sont revenus enseigner mais plus comme avant., avec une crainte, une pesanteur en plus, constantes. « Je me dis, On va éviter certains sujets parce que ça peut être polémique, parce qu’on ne sait pas ce que les élèves peuvent raconter en rentrant chez eux le soir’. Effectivement, je fais un petit peu plus attention à ce que je fais, à ce que je dis. » Ils sont quasiment tous revenus pour les élèves, tenant pour eux, avec eux. « Sur 50 professeurs, un a changé de métier, cinq ont obtenu une mutation dont trois dans une autre académie, parfois de façon temporaire. Deux enseignants n’ont jamais repris et sont en arrêt maladie. » Ils ont puisé la force dans un collectif soudé, soutenus par les élèves et leurs parents. « On a l’impression qu’on a quelque chose à faire ici, dans l’enseignement, c’est une façon de résister, de rendre hommage, d’être là, ensemble et de continuer à faire notre métier. »

Pour Le Monde, Sylvie Lecharbonnier a recueilli les témoignages d’enseignants (réservé aux abonnés), qui ne connaissaient pas Samuel Paty et se souviennent encore de leur état de sidération. «  Il avait le même âge que moi [47 ans], on exerçait la même profession dans la même discipline. J’ai pleuré comme si j’avais perdu un membre de ma famille », raconte Emmanuel Metterey. « Je donne ce cours sur la liberté d’expression chaque année. Évidemment, je me suis dit : ça aurait pu être moi ! », assure, comme beaucoup d’autres, Laurence Bardeau-Almeras. Réagir collectivement pour faire face a été leur premier réflexe avec le sentiment d’être abandonnés par l’institution. « Les tergiversations du ministère de l’éducation nationale autour des modalités de l’hommage dans les établissements, et notamment d’un moment de concertation – finalement écarté – laissé aux enseignants le jour de la rentrée, ont laissé une amertume encore vive aujourd’hui. ». Ne pas oublier mais continuer à enseigner l’EMC en s’interrogeant sans cesse sur la façon d’aborder les débats. « Il faut aller chercher les élèves là où ils sont, établir une relation de confiance, les amener à réfléchir par eux-mêmes, et peut-être aborder ces questions moins frontalement », suggère Catherine Rossignol.

France 24 relaie les témoignages de trois enseignantes et d’une lycéenne. Professeure d’histoire-géographie, Florence se souvient de la reprise après les vacances de la Toussaint et de la minute de silence imposée sans préparation. « On est nombreux à avoir craqué devant les élèves. Moi je n’ai pas réussi à lire la lettre de Jean Jaurès aux instituteurs en entier. Je me suis mise à pleurer. Un de mes élèves de terminale s’est levé. Il a lu le texte à ma place jusqu’à la fin, sans que je ne demande rien ». Soraya réalise qu’elle exerce un métier à risque. « En tant qu’enseignant, on a le sentiment, en venant travailler, de véhiculer des savoirs et on a sincèrement envie d’éclairer les enfants, mais on ne se dit pas qu’on risque d’y laisser la vie. » Elle vit l’assassinat de Samuel Paty comme une « double peine. « J’avais l’impression de porter deux chagrins, l’un en tant qu’enseignante, l’autre en tant que musulmane. J’ai eu le sentiment d’être trahie par celui qui a osé commettre cet acte horrible au nom de l’islam et qui en en plus s’est attaqué à un enseignant ».

Samuel Paty : hommages

Pendant deux jours, des hommages sont organisés, dans les écoles, dans les lieux où Samuel Paty a vécu et enseigné, à l’Elysée, au Ministère de l’Education Nationale. « Rendre hommage à Samuel Paty c’est rendre hommage à la République », a déclaré le premier ministre, Jean Castex, au cours d’une cérémonie au ministère de l’éducation nationale, relaie Le Monde. « L’enjeu de cet hommage est bien sûr de réfléchir au trésor que représentent les valeurs démocratiques. Mais c’est aussi de sentir que nos établissements et nos écoles sont des communautés vivantes. Nous tenons à nos valeurs. Nous tenons aussi à nos collègues et à nos élèves. Cette émotion porte des exigences, y compris pédagogiques. Elles rendent l’École plus belle. Et c’est le meilleur hommage que nous pouvons rendre à cet enseignant martyrisé. » écrit François Jarraud sur le site du Café Pédagogique.

Arrêt sur images nous invite à « Pleurer Paty, ensemble » et donne accès librement à son émission du 23 octobre 2020 avec sur le plateau Christophe Naudin, Alexis Potschke et Wahida El-Mansour. « Cinq ans après les attentats de 2015, l’assassinat barbare de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, est un nouveau choc qui ne laisse indemne aucun d’entre nous, et nous ramène face à nos convictions et nos croyances, individuellement et collectivement. Tous, mais peut-être, avant, tous les professeurs. »

La presse quotidienne régionale relaie les actions réalisées dans les écoles et par les collectivités locales. Et elles sont nombreuses et variées. En Occitanie, « Ce vendredi, le portrait de Samuel Paty et des extraits du recueil « Touche pas à mon professeur » réalisé par les élèves et enseignants du collège Jean Racine à Alès devaient être projetés sur les façades des Hôtels de Région de Toulouse et Montpellier de 19 h 30 à minuit. » explique la Dépêche. « Au collège L’Arche-du-Lude à Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire), l’hommage à Samuel Paty, assassiné il y a un an pour avoir montré à ses élèves des caricatures de Mohammed, s’est déroulé par petits groupes, dans chaque classe. Les échanges n’ont fait l’objet d’aucune perturbation. » relate La Croix. Le Parisien s’est rendu au lycée Gustave Monod à Enghein les Bains pour assister à « un cours spécialement consacré à la liberté d’expression et à ses limites juridiques pour une classe de terminale en spécialité histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques ». Le quotidien francilien souligne « Un moment important qui, à Enghien comme dans chaque établissement et même chaque classe, a revêtu cependant bien des formes en fonction des âges des élèves et des souhaits des enseignants ». Les collégiens d’Airvault dans les Deux Sèvres ont préparé avec des élèves de CM2 une exposition sur la liberté d’expression. « Les élèves ont travaillé toute la semaine sur des travaux sur la tolérance, la laïcité et le vivre ensemble. Des mots lourds de sens comme « acceptation », « vertu », « écouter », choisis soigneusement par les collégiens ont été inscrits sur les fenêtres de l’établissement. » précise France3 Nouvelle Aquitaine qui cite Laurence Juin, principale du collège : « Que ces mots-là restent non pas uniquement le temps de l’hommage mais en amont et en aval, qu’on vive avec ces mots, laïcité, tolérance, communication, valeur, vertu, paix, construire ensemble. »

Enseigner la laïcité

Dans The Conversation, Sébastien Ledoux, enseignant en histoire à la Sorbonne, fait un retour sur l’enquête qu’il a menée après l’attentat contre Charlie Hebdo et reprise suite à l’assassinat de Samuel Paty. Dans cette deuxième phase, il a rencontré « une inspectrice, 18 élèves de lycée professionnel, 11 enseignants, une conseillère principale d’éducation (CPE) deux chefs d’établissement travaillant au total dans neuf établissements (lycée, collège, école primaire) situés pour la plupart en Réseau d’éducation prioritaire (REP) ». « Sur l’opportunité de montrer ou non les caricatures de Charlie Hebdo en classe pour aborder la question de la liberté d’expression ou de la laïcité avec les élèves, la plupart des enseignants interrogés réclament d’abord une liberté pédagogique, ce qui ne signifie pas systématiquement une autocensure de leur part comme on l’affirme trop souvent depuis un an. » explique- t-il.

Comment enseigne-t-on la laïcité aujourd’hui ? s’interroge L’humanité. Jean-Paul Scot, historien, répond : « On n’enseigne pas la laïcité ; on la pratique pour la faire partager. La laïcité ne peut relever, à la différence des matières d’enseignement, d’un contenu programmé, normé et sanctionné. Elle ne peut être comprise qu’en conjuguant les apports de l’histoire, de la philosophie, des lettres et des sciences. Elle n’est pas un savoir, mais le fruit de luttes. Elle n’est pas un dogme officiel, mais un principe d’émancipation. »

Le Huffington Post ouvre ses pages aux critiques faites par les enseignants à l’égard du « mode d’emploi » sur la laïcité diffusé par le Ministère de l’Education Nationale. « Car les enseignants ne voient pas nécessairement d’un bon œil les déclarations et les initiatives du ministre de l’Éducation. La campagne “C’est ça la laïcité” lancée à la rentrée a fait débat, tout comme le “Guide républicain”, avec vademecum sur la laïcité mis à jour, diffusé dans les écoles en septembre ou le plan de formation à la laïcité sur quatre ans pour tous les enseignants annoncé en juin et mis en place prochainement. » Aurélie Djavadi, pour The Conversation, évoque également la campagne d’affichage ministérielle. « On ne voit pas de professionnels de l’éducation sur ces affiches. La laïcité serait-elle donc une question qui concerne seulement les élèves – de manière centrale les enfants issus de l’immigration, les personnages choisis y faisant en majorité référence ? Le message réassigne alors ces élèves à leurs identités… Élèves dont on sait par ailleurs qu’ils sont moins bien traités par l’école. » Elle explore la piste du « théâtre forum » pour parler de laïcité à l’école.

Les Cahiers Pédagogiques donnent la parole à Lucien Aniesa, président de la Ligue de l’Enseignement de l’Aube. Il explique l’importance de l’éducation populaire et de son engagement pour le « vivre ensemble ». « Le mot laïcité est important mais accaparé par l’extrême droite. Pourtant, c’est le principe qui fait qu’on est naturellement libre, pas soumis, libre de notre corps, de notre esprit, d’exercer un libre-arbitre. » explique-t-il.

A lire les échos sur la création d’un cercle de réflexion par Jean-Michel Blanquer, nous doutons fort que cette acception, favorisant le vivre ensemble, soit partagée par le ministre. « Wokisme contre universalisme ! Mais que va faire Jean-Michel Blanquer dans ce débat caricatural ? », s’interroge Thomas Legrand dans un éditorial sur France Inter. « Il doit se préoccuper, bien sûr, de la bonne compréhension de la laïcité en milieu scolaire. Mais en choisissant un camp dans une controverse qui se polarise, il donne un caractère officiel à des anathèmes parfois caricaturaux ou en tout cas très polémiques », remarque-t-il.

Débats

Delphine Riccio, psychologue de l’éducation nationale, publie une tribune dans Le Monde (réservée aux abonnés) où elle appelle à une évolution de l’accompagnement à l’orientation des élèves, une orientation qui « ne peut plus se centrer uniquement sur les aspirations individuelles des élèves mais doit permettre aussi de réfléchir collectivement au monde de demain. ». Dans son blog, Bernard Desclaux nous invite à poursuivre la réflexion en analysant les propositions de Delphine Riccio. « Elle y relance un vieux débat concernant l’objectif de l’orientation : une satisfaction individuelle ou une satisfaction collective ? La situation actuelle des services est une bonne occasion de revisiter ce débat » Dans le supérieur aussi, « maitriser les stratégies d’orientation est devenu indispensable pour les étudiants du premier cycle universitaire, tant la pression en master s’est accrue ces dernières années ». Alice Raybaud, pour Le Monde Campus, va à la rencontre d’étudiants restés à la porte du deuxième cycle (réservé aux abonnés).

Philippe Watrelot, lui-même enseignant dans un Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (Inspé) pour la moitié de son temps de travail, publie une chronique (réservée aux abonnés) dans Alternatives Economiques sur « la réforme de la formation des enseignants : une escroquerie ». Il y retrace l’historique des réformes successives de la formation des enseignants. « En quinze ans, j’ai dû m’adapter au moins à sept ou huit modifications de la formation… » explique-t-il, soulignant une bascule « dans un système beaucoup plus contrôlé et un alignement sur les pratiques universitaires » où « Alors qu’avant j’avais le sentiment de m’adresser à de futurs collègues, aujourd’hui, ceux-ci sont de plus en plus maintenus dans une position d’étudiants, avec l’infantilisation et la notation permanente qui l’accompagnent ».

La formation des enseignants risque encore d’évoluer vers un retour « 10 ans en arrière » peut-on lire dans le Café Pédagogique, avec un projet d’arrêté qui enverrait directement en cours les lauréats des concours. L’enseignement supérieur s’empare (enfin) de la formation en pédagogie de ses enseignants-chercheurs. « Depuis 2018, les établissements ont l’obligation de former leurs nouveaux enseignants-chercheurs à la pédagogie. Certaines structures n’ont pas attendu cet impératif pour offrir un appui aux chargés de cours, comme l’université Savoie Mont-Blanc ou le groupement ParisTech. ». Oriane Raffin propose un reportage sur le site EducPros sur ces initiatives en réseau pour « appréhender la pédagogie dans sa globalité ».

Et pour finir en couleurs

Deux fois par an, La Grande Lessive® étend ses fils à l’initiative de collectifs partout dans le monde. Au cours des 29 dernières éditions, 11 600 000 participants ont accroché leur interprétation du thème proposé. Dans chaque lieu, c’est une œuvre collective qui se construit, éphémère et joyeuse, avec des directives communes et simple : un fil et des épingles à linges, un format A4 exigé. Jeudi 14 octobre avait lieu la 30e édition avec le thème « Tous des Oiseaux ? ». Hormis M6 avec un direct à la fin du journal de 12 heures 45, aucun média national n’en a fait l’écho. Mais en parcourant les sites de la presse locale, on trouve de multiples traces de cette manifestation colorée. « Les rues de Marciac s’animeront demain des cris des enfants. C’est le but de l’opération : partager un moment de création dans un même esprit, où que ce soit. L’art est universel et cet évènement est l’occasion de le rappeler, de l’afficher. » explique le journal du Gers. A la Tour de Carol, ce sont les résidents d’une maison de retraite qui ont participé, à Redon la Grande Lessive est intergénérationnelle et créé du lien social en associant plusieurs structures. Les exemples sont nombreux et donnent à l’actualité de jolies couleurs. La prochaine édition aura lieu en mars, participez, vous verrez ça fait un bien fou.

Aux manettes de la revue de presse cette semaine : Monique Royer

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Sur la librairie des Cahiers pédagogiques

N°570 – Apprendre dehors

Coordonné par Aurélie Zwang et Jean-Michel Zakhartchouk – Juin 2021

Après les confinements successifs, l’intérêt pour les pratiques d’éducation en plein air est grandissant. Inscrites dans l’histoire de la pédagogie, elles sont non seulement mises en œuvre à l’école, de façon régulière ou lors de sorties de terrain plus ponctuelles, mais aussi dans le périscolaire. Il s’agit dans ce dossier d’interroger ce qui s’apprend de spécifique dehors.

Travailler avec le dessin de presse

Dossier hors-série coordonné par Florence Castincaud

Juin 2018

Faire entrer le dessin de presse dans la classe : pourquoi ? Comment ? Parce que le trait de crayon est un outil alternatif pour faire entrer dans l’analyse et la réflexion, parce que le dessin génère des pratiques nouvelles, parce qu’il ne laisse personne indifférent, parce qu’il offre un vrai espace à la liberté de pensée. Mais lire et comprendre un dessin de presse, cela s’apprend ! Témoignages de professeurs, de dessinateurs, récits de pratiques et bien sûr florilège de dessins !