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Quelle formation pour enseigner le français à tous les élèves ?

Dominique Bucheton a ouvert sa conférence sur le caractère européen de la crise de la culture professionnelle et du recrutement des enseignants.

S’(auto) organiser pour se former

Déjà, dans une précédente conférence en janvier 2013, elle avait lancé un appel à « reprendre le chemin du militantisme ». Elle montre comment la formation initiale est oblitérée par l’incapacité de l’Université à tisser le lien entre la production de savoirs et leur opérationnalisation, et enregistre le démantèlement de la formation continue.

En conclusion, elle incite les enseignants à s’organiser pour refonder leur culture professionnelle et invite l’AFEF à susciter la rencontre entre chercheurs et praticiens, à initier des recherches-actions « en position d’éclaireur et de vigie » pour former des équipes mixtes de formateurs et de praticiens associant théorie, didactique et pratique. Elle invite les enseignants, de la maternelle à l’université, à lier le politique et l’associatif, à prendre appui sur leurs propres ressources, théoriques et pratiques, à mettre en place des collectifs de passeurs et de coopérateurs, pour un enseignement du français au service de tous, pour la construction d’une culture adaptée au monde contemporain et émancipatrice.
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Dans la salle, la présence d’étudiants et d’enseignants de toutes les générations, de tous les degrés, la richesse des ateliers de l’après-midi, qui faisaient une large place aux pratiques d’enseignants, peuvent donner l’espoir que son appel a rencontré des enseignants prêts à le traduire en actes.

Le discours institutionnel

L’intervention de Sylvie Plane, membre du Conseil supérieur des programmes (CSP), a suscité moins d’unanimité. Il s’en dégage l’image d’une défiance à l’égard de la culture professionnelle (disciplinaire) des enseignants. L’organisation d’une consultation où chacun, individualisé devant son écran, a répondu selon un parcours balisé pourra-t-elle insuffler la dynamique collective nécessaire pour surmonter la crise évoquée par l’intervention précédente ?

À la recherche de la double cohérence, du point de vue des élèves, de leurs parcours et de la constitution d’une culture dépassant la segmentation disciplinaire, le CSP redoute les concurrences entre cultures professionnelles sans imaginer comment s’appuyer sur l’expérience et les ressources des acteurs pour les mettre en mouvement et en réflexion.
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Autre problème : comment, sans entrer dans la spirale de la réformite, passer de la définition d’un minimum garanti à celle d’un noyau de culture commune autour duquel les enseignants seraient libres de construire ? Instance politique, le CSP semble écartelé entre deux projets discordants : l’un reposant sur la non compensation de compétences, et revendiquant une vision du socle, l’autre attaché à la validation par les examens et réclamant des programmes disciplinaires. Comment construire une culture commune en restant dans le champ clos des experts ?

Construire l’avenir

Cette journée très dense, pendant laquelle les participants n’ont pu assouvir leur désir de débattre, de lier la théorie et leur expérience, se poursuivra sur le site de l’AFEF, qui va en mettre en ligne les contenus et a ouvert un forum. Les participants restés pour discuter d’un manifeste proposent que la discussion se concentre autour de 4 points :
1- la question du socle ;
2- la vigilance politique à exercer autour des notions de curriculum, cursus, parcours ;
3- l’interrogation des concepts de maitrise de la langue et de compréhension de l’écrit ;
4- la discipline « français » et ses rôles dans les parcours en prenant en compte toutes les disciplines.

Dominique Seghetchian


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