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Laurence Loeffel : « Au bénéfice des élèves, du climat de la classe et des apprentissages »
Quelles sont les orientations essentielles de votre rapport ?
La mission a pris acte du lien intrinsèque entre morale et éducation : il n’y a pas d’éducation sans morale, sans valeurs qui sous-tendent le geste éducatif. L’un des objectifs d’un enseignement de morale à l’école serait de redonner des couleurs à ce lien, de le rendre plus explicite. Une deuxième orientation est de restaurer la dimension morale des valeurs civiques républicaines et démocratiques et de permettre ainsi une réarticulation du moral et du civique, de la personne et du citoyen. Les progrès de l’individualisme, la pluralisation des valeurs et des croyances a eu pour conséquence un divorce entre les valeurs personnelles et les valeurs citoyennes ce qui complexifie l’adhésion aux valeurs communes, non seulement pour les élèves, mais parfois aussi pour les enseignants. Nous touchons là un point critique : la manière dont chacun se relie au commun aujourd’hui, dans le cadre pluraliste qui est celui des démocraties contemporaines. C’est pourquoi le rapport propose l’objectif de « faire communauté ».
Vous parlez d’avoir pour objectif l’engagement des élèves dans la communauté scolaire. Qu’entendez-vous par là ?
Le périmètre de la morale ne se définit pas seulement par la réflexion ou la délibération, mais aussi par l’action. On peut toujours avoir les meilleurs principes moraux possible… Tant qu’on ne les traduit pas en actes, ils demeurent lettre morte. L’action est l’épreuve de la morale ; c’est pourquoi le rapport soutient le principe d’un engagement des élèves dans la communauté scolaire et au nom de la communauté scolaire, par des actions de solidarité, une certaine liberté d’initiative laissée aux élèves dans l’organisation de projets qui engagent leur établissement ; mais il importe surtout que l’école valorise cet engagement.
Vous citez explicitement comme méthode la discussion à visée philosophique, à laquelle nous sommes attachés. De votre point de vue, en quoi peut-elle être utile dans une éducation laïque à la morale ?
Auriez-vous un conseil, une précision, à donner aux enseignants qui seront en charge de la mise en place ?
Qu’ils y croient ! Quand ça marche, c’est tout bénéfice pour les élèves, pour le climat de la classe et pour les apprentissages !