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Molenbeek, c’est aussi cela !

Depuis novembre, la coordination installée dans ce petit quartier de Molenbeek au cœur même de l’actualité, résiste à toute explication simpliste d’une situation tellement complexe.

En novembre, la tragique actualité venait nous dire la nécessité de poursuivre notre travail au jour le jour pour que chacun puisse se projeter dans le monde de demain que nous souhaitons davantage solidaire. Le mercredi 19 novembre, une centaine de personnes avaient résolument occupé la place communale de Molenbeek. Enfants, adolescents, parents, travailleurs sociaux… Et à chacune de nos rencontres ce soir-là de se dire qu’on aurait préféré se retrouver dans un autre contexte, que demain ne serait plus comme aujourd’hui et combien il était important de réfléchir encore et encore à nos projets respectifs à destination des enfants et des jeunes et de continuer d’y croire.

Convaincus que « le contraire de la violence, n’est pas la douceur, c’est la pensée ! » (Etienne Barilier), après ce temps autour des flammes vacillantes, fragiles et emportées par le vent, il nous a fallu se remettre au travail, réfléchir, construire, expérimenter et se projeter avec conviction dans la construction du monde de demain multiple et complexe par la recherche de propositions justes et universelles. Les enquêtes, les perquisitions, des arrestations nous ont rapidement fait prendre conscience de notre fragilité. Nous sentions le danger présent, suspendu jusqu’à ce mardi 22 mars au matin où la ville tout entière s’est figée dans l’effroi, l’incompréhension, l’horreur.

Après le choc

« Lorsque la violence fait irruption dans le cours ordinaire de la vie, elle introduit une rupture ; et ce qui est rompu, c’est avant tout la confiance dans l’espace que nous parcourons, les lieux que nous fréquentons, les êtres que nous croisons. S’il est vrai que toute existence individuelle peut être définie par le tissu des relations, familières ou non, qu’elle entretient avec des êtres et des choses, c’est ce tissu que la violence déchire. (…) Jamais les lieux publics n’ont été aussi nécessaires, tant il est vrai que nous avons besoin de nous voir, de nous rencontrer, de nous parler. La peur assurément est légitime ; et il est probable que nous allons devoir apprendre à vivre avec elle.

Mais tout ce que nous pouvons faire, pour résister à la tentation du repli, de l’isolement, de l’enfermement, afin de laisser ouvert ce faisceau des relations imprévisibles avec des êtres et des choses qui font le prix inestimable de toute existence est une victoire gagnée sur la terreur et ses calculs » (Marc Crépon ; « Les lieux publics n’ont jamais été aussi nécessaires » in Libération, 19 novembre 2015, p.16).

Après le choc, notre volonté de rester debout et d’occuper l’espace public n’est devenue que plus forte ! Après l’émotion, les rassemblements, l’expression créative, l’humour,… il va falloir plus que jamais soigner notre projet de formation et d’accompagnement autour de ces questions qui aujourd’hui sont plus que jamais indispensables à mettre en réflexion pour que chacun, partant de ce qu’il est, puisse avancer et se construire à son rythme, se sentir reconnu, compétent, confiant pour aller vers l’autre, s’ouvrir à son environnement et apporter sa contribution au monde de demain.

Nous sommes donc résolument debout!

Véronique Marissal
Coordinatrice des écoles de devoirs de Bruxelles

Le site de la Coordination des écoles de devoirs de Bruxelles