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Je me souviens de mes débuts d’enseignant – Recueil de témoignages (1947-1992)
Au départ, un coup de sang de la coordonnatrice qui s’insurge devant un certain discours ambiant de certains jeunes professeurs en désarroi : « Nous ne sommes pas armés pour faire face aux élèves de ZEP. » Comme si on l’était plus en 1950 ou 1960. Les enseignants, comme les médias, ont la mémoire courte. Oui, de tout temps, les « débuts » ont été difficiles ou en tout cas pas simples. Et cette quarantaine de témoignages [[On peut juste regretter la trop grande place des enseignants d’histoire au détriment par exemple des enseignants de sciences. Il s’agit probablement des effets du cercle de connaissances de la coordonnatrice. Mais la vision ne serait pas tout à fait la même sans doute avec plus de diversité disciplinaire.]], s’échelonnant de 1947 à 1992, le montre bien. La consigne était élémentaire : « Racontez comment vous êtes devenu professeur, les difficultés que vous avez eues à surmonter, les problèmes rencontrés, les erreurs que vous pensez rétrospectivement avoir commises. » Mais il a fallu un sacré acharnement pour obtenir ces précieux textes, bien sûr inégaux, les moins intéressants étant ceux où l’auteur s’exprime de façon trop générale, trop éloignée de son vécu. En fin de volume sont recensés quelques mots-clés : chez les uns, « apostolat, don, service », chez d’autres « mammouth », « ensaignement » (mais assez minoritairement), et bien sûr « transmettre », « culture », « découverte ».
On citera quelques lignes de la préface de Mona Ozouf : « Lorsqu’on aura lu ces pages, on rêve de faire entrer dans ces classes tous ceux qui tiennent le discours de restauration des humanités. Il ne faudrait pas longtemps pour perdre leur arrogance et comprendre qu’on ne peut pas rétablir la transmission sans une réinvention permanente des moyens. Tous ces textes parlent de bricolages, de négociations périlleuses. » L’ensemble est à conseiller à tout débutant (mais pas seulement à eux) car il aide à prendre du recul, à s’identifier à des histoires parfois anciennes, tout en nous montrant par exemple les évolutions positives qui ont eu lieu. Où l’on verra notamment l’absurdité qu’il y aurait à revenir aux temps pré-IUFM des centres pédagogiques régionaux et la sottise de penser que les incivilités et indisciplines ne datent que de quelques années.
Et puis retenons ce que nous dit Sophie Rozenblum-Stromboni, professeur d’anglais dans le 93 : « À chaque rentrée scolaire, j’ai toujours l’impression de « débuter. »
Jean-Michel Zakhartchouk