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Gestion de classes et d’élèves difficiles

Sur la question de l’autorité éducative et des manières de la penser et de l’exercer, on a pu lire cette année deux ouvrages bien complémentaires :celui de Bruno Robbes, collaborateur régulier des Cahiers[[L’autorité éducative dans la classe – Douze situations pour apprendre à l’exercer, Bruno Robbes, ESF, janvier 2010, 265 p. Lire la recension.]], et celui de Jean-Claude Richoz.
Celui-ci, s’appuyant sur son expérience de formateur à la HEP de Vaud (disons, l’équivalent de nos IUFM) propose dans ce gros ouvrage une typologie des situations de classe difficiles et une analyse détaillée des causes de ces perturbations qui désarçonnent les enseignants, puis une présentation des composantes de l’autorité (un schéma qu’on pourra rapprocher de celui de Bruno Robbes même si les termes diffèrent) qui montre bien son caractère avant tout relationnel : l’autorité n’est pas un donné, elle s’exerce, jamais figée, et vise à susciter l’acceptation de l’autre. La suite de ce gros ouvrage est consacrée à l’exposé de modes de « recadrage » de classes devenues peu ou pas gérables : sanctions appliquées plus fermement (sanctions éducatives dans l’esprit d’Eirick Prairat, longuement cité) et travail d’équipe, appui sur des activités qui « soignent la relation » entre élèves et enseignants, et, pour ces derniers, nécessité d’un travail sur soi. L’auteur signale avec honnêteté que tout cela fonctionne mieux en primaire que dans le secondaire où les situations peuvent être plus difficiles à traiter avec certains adolescents devenus durement rebelles. Mais il invite les adultes à reprendre courage collectivement et à ne pas renoncer. Ce n’est pas le moindre mérite de ce livre dont le ton, parfois, peut surprendre (dans les pages de critique des méfaits des pédagogies dites actives, par exemple) mais qui n’est jamais suspect de prôner le retour à l’autoritarisme, si on le lit en entier, dans toutes ces dimensions. C’est sans doute ce que n’a pas fait tel internaute qui, sur un site où on peut laisser des commentaires, remercie l’auteur pour les « solutions simples et facilement applicables » qu’il donne. L’auteur insiste au contraire sur le fait qu’il faut du temps aux élèves et à l’enseignant, dans une classe difficile, pour renouer la relation et changer d’attitude, loin de toute idée de « recette ».
Rappelons, sur le même sujet, l’excellent livre auquel J.-C. Richoz se réfère aussi : Classes difficiles, de Jean-François Blin et Claire Gallais Deulofeu (Delagrave 2004, 2e éd.)[[Lire la recension.]]

Florence Castincaud