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Filles-garçons : le rempart des idées reçues

Un dispositif créé à l’origine pour les classes de préadolescents et adolescents mais aisément adaptable en fonction des lieux et du public. Deux séances pour que chacun et chacune prenne consciences des idées reçues en matière de genre, comme on dirait aujourd’hui.

La présence de filles et de garçons dans un même espace stimule les comparaisons et confrontations inter-sexes. Dans cette comparaison intergroupes émergent préjugés et stéréotypes, un processus d’autant plus opérant à l’adolescence qu’il s’agit d’une période où les relations se sexualisent, le plus souvent sur le mode normatif de l’hétérosexualité. Ainsi, filles et garçons vont avoir tendance à se définir en opposition à l’autre sexe et ainsi à adhérer fortement au modèle de féminité/masculinité qui, de par les rapports sociaux de sexe qu’il définit, est source d’inégalités légitimées.

Dès lors, faire de la mixité un outil pour faire vivre l’égalité implique de tenir compte de cette pente spontanée qui incite filles et garçons à s’attribuer des caractéristiques sur la base d’idées reçues. C’est dans cette perspective pédagogique que s’inscrit l’animation le rempart des idées reçues sur les filles et les garçons.

Idéalement, il faut compter deux séances de deux heures, avec de quinze à vingt participants présentant autant que possible une mixité équilibrée.

La première séance sera destinée à monter le rempart, la seconde à la mise en œuvre du débat ; il est souhaitable qu’il ait lieu la semaine suivante.

La première séance se déroule en quatre temps.

  • Premier temps : l’objectif de l’animation est énoncé : produire en sous-groupe des « briques » (des feuilles A4) de mots (ou énoncés) qui vont permettre de construire le rempart d’idées reçues. Ce rempart regroupera un ensemble de caractéristiques attribuées aux filles et aux garçons et dont elles et ils ont envie de parler, de débattre. Deux équipes mixtes A et B sont alors constituées, puis subdivisées en groupes non mixtes (A1 et A2, B1 et B2).
  • Deuxième temps : les groupes non mixtes produisent les « briques » par une activité de production libre prenant appui sur deux questionnements concernant, d’une part, les caractéristiques que les filles (ou garçons) attribuent aux garçons (ou aux filles), et d’autre part les caractéristiques qu’elles (ou ils) pensent que les garçons (ou les filles) attribuent aux filles (ou aux garçons).
  • Troisième temps : les groupes non mixtes d’une même équipe échangent leurs productions et en prennent connaissance, ce qui donne lieu à une première série de réactions et de discussions. Ils sélectionnent les briques dont elles ou ils souhaitent discuter.
  • Quatrième temps : construction du rempart en équipes mixtes. Chaque équipe composée des deux groupes non mixtes (A1 et A2, B1 et B2) doit négocier et se mettre d’accord pour choisir huit feuilles-briques ; elles seront affichées au mur pour fabriquer le « rempart » qui sera objet de débat. Ce qui au total fait un rempart de seize briques une fois les choix des deux équipes réunis.

Suivant le temps qu’a pris cette séance, les équipes se séparent en ayant pris ou non connaissance des briques sélectionnées par l’autre équipe.

Une semaine plus tard, les deux équipes se retrouvent et évoquent ce qui s’est passé à la séance précédente. Les animateurs proposent un questionnement explicitant l’intitulé de l’animation : qu’appelle-t-on les idées reçues ? D’où viennent-elles ? Qui visent-elles ? Quels liens ont-elles avec les stéréotypes, les préjugés et l’idée de « rempart » ?

Suite à cet échange introductif, les équipes prennent connaissance du rempart et y réagissent : qu’est-ce qui les étonne ? Leur convient ou pas ? On reprend ensuite de manière plus structurée les débats en essayant de voir quelles images se dégagent globalement des filles et des garçons, en quoi elles sont ou non valorisantes ; on repère ce qui est bienveillant ou hostile, et surtout comment ces idées peuvent se traduire à l’école, au travail, dans la famille, en termes d’inégalités.

Cendrine Marro
Maitresse de conférences en sciences de l’éducation
Geneviève Pezeu
Historienne, formatrice pour l’égalité femmes/hommes, ex professeure d’histoire-géographie en lycée