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Et si on prenait son temps avant de tout changer ?
Dans votre ville, quel premier bilan tirez-vous de la mise en place des rythmes ?
La mise en place des rythmes sur notre ville, comme sur tout le département, s’est faite en septembre 2014 après dix-huit mois de concertation avec l’ensemble des partenaires de l’école et de la ville. Nous avons pris le parti de mettre en place une semaine régulière (sortie de l’école à 15h45) avec un temps d’accueil de loisirs de 15h45 à 18h30 mêlant soutien scolaire et activités ou ateliers de découverte pour tous.
Après deux années de réglage, l’année 2016-2017 a assis une organisation désormais bien rodée ou les enfants sont acteurs de leurs choix sur les temps du soir.
Quelle réaction devant le décret autorisant les quatre jours ? Des demandes ? Comment allez-vous gérer le débat cette année sur la question ?
La réaction première a été de dire : comme à chaque fois, nouvelle équipe, nouvelle réforme sans prendre le temps ni d’évaluer, ni de concerter. Quelques enseignants et parents ont exprimé leur volonté de revenir à quatre jours mais très sincèrement, pas de manifestation massive ! Nous allons lancer une enquête qualitative afin de faire un bilan sur les trois dernières années et organiser des tables rondes en janvier-février. Ceci étant, le ministre ayant annoncé une concertation sur l’organisation des temps sur l’année avec notamment le raccourcissement des vacances, il me semble prématuré de changer l’organisation du temps scolaire dès la rentrée prochaine. De plus, nous avons besoin de plus de précisions sur les aides financières (État et Caisse d’allocations familiales) ainsi que sur les taux d’encadrement.
Au-delà du cas de Meudon, vous avez des responsabilités au sein de l’Association des maires de France : quelles sont les réactions des maires dans l’ensemble, d’après ce que vous percevez ?
Une fois de plus, les maires sont mis de côté dans le processus de décision, alors que nous sommes les chefs d’orchestre des organisations municipales. À cette différence que nous n’avons pas le choix de la partition, elle nous est imposée ! Nous avons la connaissance fine de nos territoires, il serait enfin temps que cela soit reconnu !
Vous avez défendu avec vigueur les « nouveaux rythmes » lors d’un atelier de l’université d’été du CNESCO, fin aout dernier. Qu’est-ce qui vous parait essentiel dans cette réforme et pourquoi combattez-vous contre un retour en arrière que vous jugez négatif ?
Il est reconnu par une grande majorité des acteurs de l’éducation que les enfants ont plus de facilités si les temps d’apprentissage sont répartis sur la semaine et plus particulièrement sur les matinées. Nos enfants ont des rythmes de vie qui vont au-delà de nos propres capacités ! Il devient urgent de ne pas calquer le temps de l’enfant sur le temps de l’adulte… On entend dire que les enfants sont fatigués le jeudi et le vendredi, mais est-ce vraiment l’école la fautive ?
Nous avons tendance dans notre pays à tout changer tout le temps, prenons le temps d’analyser, d’évaluer… Pour autant, il est nécessaire d’améliorer notre système scolaire par une valorisation des apprentissages, par une valorisation du métier d’enseignant, en leur laissant la possibilité d’expérimenter. Observons, redonnons à nos enfants l’envie d’exceller en les encourageant. Donnons ses lettres de noblesse à l’apprentissage, à la formation professionnelle, aux métiers manuels, de bouche… Bref, donnons envie à nos enfants d’apprendre plutôt que de se focaliser sur l’organisation du temps scolaire… Ce dernier sujet n’est qu’un moyen de ne pas parler de l’essentiel !
Propos recueillis par jean-Michel Zakhartchouk
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