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Du matin au soir

Parfois, il est difficile de se lever. Mal dormi, mal lunée, souvent aussi pas très contente de ce que j’ai préparé. J’anticipe les difficultés, courir de salle en salle, masquée, chargée, désinfecter, aérer, gelhydroalcooliser, et puis ces photocopies qu’il ne faut pas oublier. Envie de me recoucher. Je traine les pieds mais j’y vais ! Un café, des céréales, ne pas allumer la radio pour éviter les nouvelles hésitations, contradictions, prédictions. Rester seule au volant de mes pensées, glisser, rouler, arriver. Croiser des collègues, « salut, et toi ça va ? » sans vraiment attendre la réponse parce que pour chacun tout va autant que faire se peut. Préparer sa salle, par routine, sans envie. Pronote, ENT (espace numérique de travail), fichiers. Et puis…

« Bonjour madame ! Vous allez bien madame ? Je peux mettre le gel ? ». C’est parti ! Réviser, expliquer, rassurer, réprimander, féliciter, réconforter, départager, surprendre, rigoler, plaisanter, écouter. Les heures de cours défilent, tournoient, pas le temps de penser, rien qu’à ce que je dois enseigner. Sauter de marche en marche, de salle en salle, de leçons en activités, de projets en évaluations. Faire le prévu, l’imprévu, s’adapter, trainer, accélérer, s’énerver, s’émerveiller. Et réaliser, d’un coup, qu’un sourire est sur mes lèvres. Depuis quand ? Depuis le début, peut-être. Surement.

Caroline Jouneau-Sion
professeure d’histoire et de géographie en collège