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Donner la parole aux enfants et aux jeunes
C’est du déjà vu. Soirée du premier tour : tout le monde s’affole des résultats du Front national. 1986, 2002, 20012, 2014, 2015… On pousse les hauts cris, on fait barrage au FN… Soir du second tour : on salue le surcroît de participation entre les deux tours, le «sursaut républicain» qui fait que dans aucune région la gestion des lycées ne sera confiée à l’extrême-droite, on prévient qu’il ne faut pas se réjouir trop vite, on assure que «plus jamais ça».
Pour un peu, on aurait l’impression que les séquences se suivent et se ressemblent. Et après ?
Combien de jours pour que notre peur ou notre colère disparaisse des écrans radars qui nous affolent aujourd’hui et que la «vie reprenne comme avant» ?
Dans notre société de l’immédiateté, où un événement, un buzz, chasse l’autre, quel sera le prochain enthousiasme ou scandale qui chassera de la une et des «tendances» sur les réseaux sociaux le fait que tant de nos concitoyens ont voté pour un parti «dédiabolisé» mais toujours excluant, haineux, irresponsable ?
Déjà, les scores du FN ont détourné l’attention de la COP 21 et, bientôt, les cadeaux de Noël ou les premiers flocons détrôneront les scores du FN du podium des sujets dont on parle.
Pourtant, comme pour contrer les attentats et la radicalisation, il ne suffira pas de crier «Résistance !» et de retourner en terrasse. Quand le temps des frayeurs sera passé, il restera un travail de fond à mener, qui ne l’a jamais été vraiment (ou en tout cas pas suffisamment, pas massivement). Un travail de réflexion et d’action tout à la fois. A chacun de s’interroger sur ce qui est de son ressort, chacun à sa place et à sa mesure, mais collectivement, par le partage et l’échange.
Nous sommes un mouvement de pédagogues ; il ne nous appartient pas de dire aux politiques qu’ils dérapent ou aux médias qu’ils s’égarent. Mais une réponse de pédagogues s’impose, particulièrement après le très fort taux d’abstention chez les jeunes que nous avons connu lors de ces élections. Cela en dit long sur leur absence de perspectives et sur l’échec de la «promesse républicaine», dans lequel l’école a sa part.
Il nous appartient de nous adresser aux enfants et aux jeunes, de contribuer à les éduquer, de leur expliquer et de les écouter, de les aider à se construire avec l’école pour devenir acteur de la société.
C’est pourquoi nous allons nous attacher à plus et mieux donner la parole aux élèves, quel que soit leur âge, dans nos classes, nos écoles, nos établissements, et dans notre revue, sur notre site. Leur apprendre à utiliser cette parole pour débattre avec les autres, pour poser leurs questions et construire des réponses et des projets, se faire leur propre idée, en connaissance de cause. Leur proposer des outils, des dispositifs qui facilitent cette prise de parole, qui aident à démêler le vrai et le faux, l’esprit critique et l’esprit de critique. Avec comme objectif qu’ils deviennent des citoyens et des hommes et des femmes émancipés et responsables.
Qui vient avec nous ?