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De Nantes à New York, regards croisés
Enseignant au Lycée français de New York après avoir été référent numérique dans l’académie de Nantes, j’ai observé en échangeant avec mes collègues que, malgré des approches différentes, l’IA et la pédagogie partagent dans ces deux contextes éducatifs des objectifs communs : favoriser l’autonomie des élèves, développer leur esprit critique et les préparer à interagir avec l’IA.
À Nantes, l’intégration de l’IA reste prudente. Jean-François Roux, chargé de mission à la Drane (Direction régionale académique au numérique éducatif,) explique : « Il n’existe pas encore de politique officielle de déploiement de l’IA dans les pratiques enseignantes, mais des expérimentations sont en cours. » Les enseignants se montrent souvent réticents à modifier leurs pratiques, bien que certains se forment de manière autonome et utilisent déjà l’IA pour créer des cours personnalisés.
L’académie explore des outils comme Nolej pour générer des parcours interactifs. « Nous avons mis en place des modules pour démystifier l’IA et apprendre à l’utiliser à bon escient », précise Jean-François Roux. La question éthique est primordiale : « Nous devons nous assurer que chaque technologie respecte les réglementations RGPD et minimise son empreinte énergétique. »
L’action des enseignants référents numériques est ici fondamentale, car elle prolonge la formation en soutenant les collègues dans l’utilisation quotidienne de l’IA et en encourageant le partage de pratiques innovantes au sein des établissements. Cependant, après plus de dix ans d’expérience dans cette mission, je constate qu’elle demeure méconnue des enseignants, faute de moyens suffisants consacrés à la formation continue.
Au Lycée français de New York, l’approche est plus expérimentale. Thomas Serandon, responsable des centres de documentation et des apprentissages numériques, précise : « Nous avions anticipé les conséquences possibles de l’IA sur les apprentissages et mis en place une task force [groupe de travail] pour en évaluer l’impact avec les enseignants et les élèves. » Les outils testés sont variés : Flint en terminale pour renforcer l’esprit critique en générant des contre-arguments, Nolej pour structurer les parcours d’apprentissage, ou encore des IA adaptatives. Juliette Lopin, enseignante intégratrice d’apprentissage numérique pour le primaire, explique : « L’enseignement de l’IA est intégré dès le primaire dans le curriculum, en s’appuyant sur les recommandations de l’Unesco. »
L’IA devient également un levier pédagogique. Sébastien Chabaud, professeur d’histoire-géographie, témoigne : « L’IA me permet de proposer aux élèves des analyses variées et des mises en perspective nouvelles. » Par exemple, lors d’un travail sur le général La Fayette, les élèves ont utilisé l’IA pour comparer des discours historiques.
L’IA aide également à optimiser le temps de préparation des enseignants. Sébastien Freland, professeur des écoles, souligne : « Nous accompagnons les enseignants pour qu’ils puissent différencier leurs pratiques pédagogiques grâce à l’IA, tout en respectant un cadre éthique rigoureux. » Une formation récente a montré l’utilisation de l’IA pour créer des supports adaptés aux élèves à besoins particuliers. L’usage de l’extension Brisk1, qui permet de modifier le niveau de lecture d’une page web en fonction de l’âge et de la langue des élèves, est particulièrement utile dans un environnement bilingue.
Je constate qu’en attirant des enseignants passionnés par l’innovation pédagogique, le lycée développe une expertise numérique qui permet de mener des projets ambitieux, dont l’introduction réfléchie de l’intelligence artificielle tout au long du parcours des élèves. Mais cela implique un investissement conséquent dans la formation continue si l’on veut dépasser le cercle des enseignants les plus audacieux, et si l’on veut une utilisation équitable et bénéfique de l’IA, accessible à tous les élèves.
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