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Comment les enfants apprennent les sciences

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Entre un ouvrage de didactique, théorique parce qu’il présenterait le corps de concepts de ce champ sans le relier à des situations de classe, et un manuel pour le maître, pratique car suggérant des activités de classe sans forcément en montrer les enjeux formatifs, l’ouvrage de Jean-Pierre Astolfi, Brigitte Peterfalvi et Anne Vérin constitue un juste milieu qui sera d’un énorme intérêt pour tout enseignant qui souhaite réfléchir à ses pratiques.

Comment les enfants apprennent les sciences cherche à répondre à cinq grandes interrogations :
– La communication dans la classe et ses pièges ou comment la classe peut-elle être un lieu de débat scientifique.
On y dénonce la classe dialoguée dans laquelle le travail des élèves est souvent davantage de décoder les attentes magistrales du maître pour tenter de s’y adapter que de répondre à un questionnement qui nécessiterait confrontation.
Faire raisonner et argumenter, pas seulement participer, adapter la communication au pilotage privilégié (par la situation, la notion, la méthode, l’obstacle, la production) constituent des propositions d’action.
– La prise en compte des représentations ou comment utiliser les représentations des élèves comme un moteur des apprentissages scientifiques.
Il s’agit non seulement de permettre l’émergence des représentations, mais de comprendre les modes de pensée et les obstacles qui les structurent et les stabilisent pour s’en servir positivement en développant ainsi un nouveau regard sur la pensée des élèves.
– Des démarches expérimentales ou comment faire en sorte que l’observation et l’expérimentation soient le moteur du raisonnement et de l’anticipation.
Favoriser les moments de problématisation des phénomènes ; entraîner à la modélisation, encourager la diversification des chemins constituent les attributs d’un enseignement qui puisse être qualifié de l’épithète scientifique.
– Écrire en sciences ou comment développer et diversifier les formes d’écriture en sciences pour enrichir la maîtrise de la langue et faire de la médiation de l’écrit une condition de la formation scientifique.
En encourageant les brouillons, en favorisant les reprises d’écriture, en sélectionnant le type d’écrit le plus approprié, en développant des moments réflexifs, il s’agit de faire de l’écrit un outil au service de la formation scientifique.
– Construire et structurer le savoir scientifique pour que les savoirs construits en classe soient reliés les uns aux autres au sein de trames conceptuelles.
En favorisant des moments de décontextualisation du savoir, en développant des séquences de structuration conceptuelle, il s’agit de montrer l’importance, au-delà de l’investigation, de la structuration des savoirs.

Chacun des cinq chapitres autour des thématiques ci dessus rappelées est construit selon la même logique qui en facilite la lecture et la compréhension. D’abord sont proposées des clés pour l’analyse didactique qui font un état des recherches sur le sujet. Ensuite des&laqno; exemples à la loupe » détaillent quelques exemples. Ensuite encore  » Repères pour la classe  » traduit de façon opérationnelle les conséquences possibles pour l’enseignement des apports précédents. Enfin une fiche de synthèse récapitule.

Le dernier chapitre est consacré à un rappel des éléments essentiels de la vie et des textes fondateurs de celui qui fut un pionnier en didactique des sciences, Victor Host. Les auteurs de Comment les enfants apprennent les sciences – et de très nombreux didacticiens des sciences – comme, entre autres, Jeannine Deunff, André Giordan, Jean-Louis Martinand, Jacques Toussaint et moi-même lui devons énormément, tant pour ses apports conceptuels que pour le regard bienveillant qu’il sut porter sur chacun.

Un glossaire de la didactique et une bibliographie complètent le tout.

L’ouvrage, comme il est rappelé, doit beaucoup aux travaux des nombreux participants aux recherches en sciences, qui pendant de longues années, autour de Victor Host ont contribué à l’émergence du champ de savoir qui s’est finalement intitulé didactique des sciences.

On mesurera ainsi simultanément l’importance de l’INRP comme catalyseur d’énergies pour avoir su développer ces recherches et la force humble de Victor Host pour avoir fait fructifier des dynamismes potentiels. La formation par la recherche comme paradigme éclairant le fonctionnement de l’INRP mériterait maintenant une publication, afin de mieux comprendre comment cette institution a pu former dans de nombreuses didactiques des générations d’universitaires maintenant reconnus compétents sur des questions éducatives.

Comment les enfants apprennent les sciences de Jean-Pierre Astolfi, Brigitte Peterfalvi et Anne Vérin constitue vraisemblablement aujourd’hui l’archétype de l’ouvrage de formation susceptible de développer une analyse de pratiques. Il atteste d’une qualité double : une connaissance exhaustive de la réflexion didactique dans le domaine qu’il explore, et au-delà, dans le champ de la réflexion pédagogique, alliée à un souci permanent d’exemplification et de contact avec la pratique.

Une belle illustration de la formule du célèbre épistémologue genevois :  » la théorie naît de la pratique et y revient « .

Michel Develay


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