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Globale ou b.a-ba ? Que cache la guerre des méthodes d’apprentissage de la lecture ?

« On assiste à un embrasement médiatique virulent et récurrent qui semble plus politique que pédagogique. Est-ce parce que l’illettrisme s’est accru ? Sûrement pas. Est-ce souci d’épanouissement de l’enfant ? On peut en douter »…
Dès la première page, Laure Dumont annonce la couleur. Enfin, une journaliste situe les enjeux du « débat en cours », prenant le contre-pied de nombreux de ses collègues qui ont participé à l’embrasement sans prendre la précaution de s’appuyer sur toutes les données.
Il ne s’agit pas pour elle de participer à la manipulation qui consiste à accuser une méthode de lecture, des enseignants et des militants de groupes pédagogiques, dénoncés comme « pédagogistes »…Après avoir expliqué les enjeux du débat, elle rappelle avec force l’histoire des méthodes de lecture. Son argumentation est très convaincante, d’autant plus qu’elle donne des éléments d’évaluation fiables, réels et non catastrophistes, d’un illettrisme réel mais qui ne s’aggrave pas.
Si effectivement, comme l’expliquent les experts et praticiens, la méthode globale est très peu utilisée ; si effectivement : « le décodage, l’accès au sens, le vocabulaire, ces éléments déterminants pour apprendre à lire, figurent bien dans la dernière version des programmes scolaires de 2002 qui se sont inspiré des recherches en cours sur la lecture », pourquoi donc cette agitation médiatique qui a un double effet : donner du grain à moudre à certains journalistes et auteurs en mal de copie et inquiéter les parents ?
Le ministre de l’Éducation nationale joue avec le feu, pour se faire valoir et peut-être pour s’en prendre au grand principe républicain qui veut que les programmes nationaux soient de la responsabilité des pouvoirs publics et la pédagogie de celle des seuls enseignants.
Comme l’explique simplement mais clairement Laure Dumont, la recherche pédagogique, liant théorie et pratique, mérite un soutien plutôt qu’un procès démagogique, truqué et expéditif. Après cette guerre des méthodes de lecture qui n’est pas terminée, semble-t-il, les enseignants sont meurtris, les parents sont désemparés et les politiques se sont déconsidérés en jouant avec le feu. Ne serait-il pas temps plutôt de débattre sérieusement, avec sérénité, et de défendre ensemble cette école publique menacée par tous les apprentis sorciers qui souhaitent son démantèlement ?

Jean-François Chalot