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Une illusion de douceur

Il faut se méfier de ceux qui déclarent vouloir faire notre bonheur, mais il faut aussi commencer par les remercier de leur sollicitude. Merci, donc, Gabriel Attal, d’inclure le bonheur des enseignants dans les projets annoncés pour la Journée mondiale des enseignants, début octobre.

Notons que la formation continue n’y a pas été évoquée. Serait-ce qu’elle ne participe pas au bonheur des enseignants ?

Quelques jours plus tôt, le ministre avait répété qu’il n’était « pas concevable qu’autant d’heures de formations ou de réunions pédagogiques soient proposées par l’Éducation nationale aux enseignants sur leur temps de cours » et qu’il fallait donc les organiser à d’autres moments. Il y avait là un aveu implicite de l’échec du « Pacte » à résoudre la question du remplacement de courte durée. C’était aussi la reprise d’un discours suspicieux sur le temps de travail réel des enseignants.

Mais que font les profs quand ils ne font pas cours ? Ils préparent leurs cours, corrigent des travaux d’élèves, vont visiter ceux qui sont en stage, se rencontrent, rencontrent des parents, des partenaires… Et ils se forment ! Ils se forment de manière informelle en lisant, en suivant des webinaires, en participant à des rencontres organisées par des associations de l’éducation populaire, de l’éducation nouvelle, et de façon encore plus informelle, en s’informant, en voyageant, en donnant du temps au monde associatif et militant, là où se brassent les cultures.

Tous, peut-être pas, du moins pas tous, tout cela. Mais à tous, cela fait dire « ça ne s’arrête jamais ! ».

Mais, s’il s’agit d’un temps indispensable, il n’est pas totalement contraint par l’institution, c’est une des composantes de la liberté pédagogique qui contribue à rendre ce métier passionnant, et au bonheur de l’exercer.

En faisant de la formation continue une variable d’ajustement des ressources humaines, le ministre ne rend pas crédible sa promesse de bonheur…

Bah, on n’y croyait pas vraiment non plus.

Yannick Mével

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