Revue de presse du dimanche 30 avril 2023

Dans le cadre des « cent jours » des annonces ont été faites pour l’éducation, notamment à propos du salaire des enseignants. Le décalage est énorme entre les annonces et la réalité. Cela a donc fait couler beaucoup d’encre. La mixité sociale continue d’interroger ainsi que quelques autres sujets récurrents.

La Fable des Cent Jours

Cent Jours pour calmer les esprits : pour les enseignants le président de la République en déplacement a annoncé une revalorisation « historique ». Historique ? Vraiment ? Et bien non.

C’est Factuel de l’AFP qui a étudié en détail cette revalorisation et l’a comparé aux annonces : « […]un document du ministère de l’Education nationale obtenu par l’AFP permet de nuancer fortement cette affirmation: la hausse moyenne n’atteindra à la rentrée, selon ces projections, que 5,5% par rapport à septembre 2022. C’est en fait par rapport à 2020 qu’elle dépasserait les 10% pour atteindre près de 12%. Le document, rendu public depuis par le ministère, montre aussi de fortes disparités : pour une majorité d’enseignants, la hausse à la rentrée prochaine sera inférieure à 5% sur un an, et donc à l’inflation. Le ministère a confirmé le 26 avril à l’AFP que les rémunérations progresseraient en moyenne de 5,5% en septembre sur un an et que la hausse atteindrait 10% « jusqu’à 12 ans de carrière ». »

La partie « Pacte » de ces annonces fait couler beaucoup d’encre. Le retour du « travailler plus pour gagner plus ».

« Le pacte enseignant, un contrat qui ne dit pas son nom » (lemonde.fr). “Ce « pacte » ne résoudra pas la crise des vocations, car il n’offre pas aux personnels enseignants la sécurité dont ils ont besoin, estime le philosophe Denis Kambouchner, dans une tribune au « Monde ».”

Société des Agrégés : le pacte enseignant va encourager « les pratiques de courtisanerie » – VousNousIls. “Dans un communiqué publié lundi 24 avril 2023, la Société des Agrégés donne son point de vue sur les mesures de revalorisation salariale des enseignants du gouvernement. Ces dernières consistent, pour rappel, en une partie « socle », inconditionnelle, pour tous les enseignants, de 100 à 230 euros net mensuels à partir de la rentrée 2023. Cette hausse est en fait une augmentation de primes : hausse du montant de l’Isae dans le premier degré (indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves) et de la part fixe de l’Isoe dans le second degré (indemnité de suivi et d’orientation des élèves).”

Une partie des enseignants a d’aileurs été oubliée. Les enseignants du second degré affectés à l’université réclament une reconnaissance. « Au nombre de 13 000, ces enseignants, souvent agrégés, ne touchent pas les mêmes primes que les enseignants-chercheurs et ne sont pas non plus concernés par la revalorisation des carrières à l’éducation nationale. Pour protester, une partie d’entre eux refusent d’examiner les dossiers sur Parcoursup. »

Le dessin de Fabien Crégut

Un collectif a étudié l’évolution salariale des enseignants  et la compare à « grimper un escalator qui descend ». A lire sur le site des Cahiers, avec l’étude en lien. Comment évoluent (vraiment) les rémunérations des enseignants ? – Les Cahiers pédagogiques (cahiers-pedagogiques.com). « Monter un escalator qui descend » : c’est l’expression employée par le collectif Nos services publics1 à propos de l’évolution du pouvoir d’achat des enseignants du second degré depuis une vingtaine d’années. En raison du gel du point d’indice et de sa sous-indexation sur l’inflation, les progressions de carrière n’ont pratiquement aucun effet d’augmentation du pouvoir d’achat.

Autre décryptage, celui de Cécile Blanchard, des Cahiers pédagogiques, qui analyse le malaise enseignant. Enseignants : ça va pas fort | Alternatives Economiques (alternatives-economiques.fr). “Et chez toi, ça va ? C’est le titre de l’une des rubriques des Cahiers pédagogiques, que nous avons des difficultés à remplir ces derniers temps. Faut-il y voir le signe que, dans le monde enseignant, « ça ne va pas fort » ? Dans l’Education nationale, ce n’est pas tout à fait la « grande flemme » ni la « grande démission », pour reprendre des expressions employées ces derniers mois pour qualifier l’état d’esprit général dans la population active (du moins, dans le monde occidental). Mais, depuis la rentrée de septembre 2022, le malaise des enseignants et enseignantes revient régulièrement dans l’actualité, à travers la parution de résultats d’études issues de sources diverses et objectivant le phénomène.”

Au delà des salaires, le gouvernement a annoncé des mesures pour améliorer l’école. Annonces qui ne convainquent personnes tant elles sont vagues, imprécises et non accompagnées de moyens. Feuille de route d’Elisabeth Borne : quelles annonces pour l’éducation ? – L’Etudiant (letudiant.fr). “Ce mercredi 26 avril, la Première ministre a présenté sa feuille de route pour les « 100 jours d’apaisement », et laissé nombre de téléspectateurs et de politiques sur leur faim, faute d’annonces concrètes.”

Le président s’est aussi félicité du nombre croissant d’enfants en situation de handicap scolarisés. Y a -t-il vraiment matière à se féliciter ? Pas vraiment comme l’explique FranceTV. Handicap : pourquoi l’école n’est-elle toujours pas aussi inclusive que l’exige la loi de 2005 ? « Comment expliquer que la France soit tancée, alors que l’accès à la scolarisation des personnes en situation de handicap a largement progressé ces dernières années ? La réponse se trouve essentiellement dans le manque de formation, de temps et de reconnaissance envers les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) et les enseignants. […] »30-35 élèves dans les classes de collèges et lycées, c’est devenu une norme… On souhaite un allègement des effectifs, et encore plus lorsqu’il y a une situation d’inclusion. » »

Et, comme tous les membres du gouvernement, le ministre de l’éducation éprouve des difficultés à aller « vendre » ces annonces en province. La visite à Lyon du ministre de l’Éducation Pap Ndiaye fortement perturbée (lepoint.fr). “Une visite à Lyon du ministre de l’Éducation a été fortement perturbée lundi, Pap Ndiaye ne se rendant finalement pas à 14 h 30 comme prévu à l’Inspe, où l’attendaient une centaine de manifestants, qui ont tenté de pénétrer dans le bâtiment, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse.”

Le village SNU a aussi fait flop là où il est passé. Exemple À Versailles, le village SNU fait flop. « Mercredi 26 avril se tenait la 11e étape de l’opération de promotion du service national universel (SNU) à Versailles. Malgré des organisateurs motivés et un dispositif des forces de l’ordre bien rodé, l’opération a réuni plus de manifestants que de visiteurs. » Politis

D’une rive sociale à l’autre

Il est beaucoup question de mixité sociale ces derniers temps, notamment dans le privé.

Mixité sociale à l’école : l’arbre et la forêt | Le Club (mediapart.fr). “Suffirait-il d’instiller plus de mixité sociale dans les établissements d’enseignement privé sous contrat pour réduire les inégalités scolaires ? Il faut voir, au delà des statistiques, ce qu’on enseigne, comment on l’enseigne et à qui. L’arbre de l’enseignement privé ne doit pas cacher la forêt des savoirs scolaires.” par Jean-Pierre Véran

Martin Hirsch, n’oubliez pas l’égalité des chances! – Challenges. EDITORIAL Par Kira Mitrofanoff  – “Le vice-président du géant de l’enseignement privé, Galileo Global Education, appelle à réguler le secteur. Mais le groupe ne s’engage pas sur l’ouverture sociale alors qu’il reçoit 140 millions d’euros de France Compétences pour former ses élèves en apprentissage.”

La réforme de l’enseignement professionnel en France : une impasse ? – Contrepoints. “Libérer l’école et réindustrialiser la France… Il était permis d’espérer que le premier pas serait suivi d’une révolution, tant redoutée par les syndicats réactionnaires, lorsque Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la formation professionnels, a non plus seulement été rattachée au ministère de l’Éducation nationale mais aussi au ministère du Travail. Une première !” Par Nelly Guet

Evolutions et orientation

« La transformation des pratiques professionnelles depuis l’arrivée des Territoires Numériques Éducatifs » – Educavox, Ecole, pédagogie, enseignement, formation. “Dans le cadre du séminaire organisé pour échanger sur les trois années d’expérimentation du Territoire Numérique Educatif déployé dans le Val d’oise, unetable ronde animée par Yann Boudic, ingénieur de formation au Réseau Canopé a été organisée avec pour intervenants, Grégory Zerjav, directeur d’école, Philippe Alvervy, IEN chargé de la mission numérique dans le 1er degré, Phillipe Gomez, directeur service enfance à Osny, Nathalie Couegnas, cheffe de projet pour la trousse à projets, Bruno Devauchelle, chercheur, consultant indépendant associé au laboratoire TECHNÉ – Université de Poitiers et Olivier Vandard, directeur adjoint du SGPI en charge de l’éducation et de la formation professionnelle.”

Enseignement à distance : la « révolution copernicienne » du Cned – Journal des Français à l’étranger (francaisaletranger.fr). “Avec plus de 20 000 inscrits à l’international, dont 17 000 scolaires, le Cned s’impose plus que jamais aujourd’hui comme le premier opérateur de formation à distance tout au long de la vie en Europe et dans le monde francophone. « Nous sommes de plus en plus dans une logique de complémentarité, explique Jean-Noël Tronc, directeur du Cned. Même des enfants qui sont scolarisés en présentiel ont besoin d’un accès à toute l’offre pédagogique française, et nous sommes heureux de pouvoir proposer cette offre au réseau. »”

Les transitions et l’orientation : priorités de la Région Bretagne – Centre Inffo (centre-inffo.fr). “La Région Bretagne a adopté son nouveau Contrat de plan régional de développement des formations et de l’orientation professionnelles (CPRDFOP) le 7 avril. Ce plan, qui intègre l’enjeu des transitions économiques et sociales, est le produit d’un an et demi de concertation.” Article réservé aux abonnés du Quotidien de la formation

« La planification écologique doit se mettre au service d’une dynamique transgénérationnelle et de la jeunesse » (lemonde.fr). “Benoît Bonte, directeur de Millionroads, et Sophie Pène, professeure en sciences de l’information, rejoints par d’autres personnalités, expliquent, dans une tribune au « Monde », qu’il faut se servir de la planification, imaginée avec les associations étudiantes et écologiques, pour transformer les offres de formation et les métiers à destination des jeunes.”

Orientation scolaire : l’importance de la motivation – Regards protestants. “Les salons et forums d’orientation sont là pour aider les familles souvent inquiètes. « Mon fils/ma fille n’est pas motivé-e ! », « Il/elle ne sait pas quoi faire ! » peut-on entendre. La motivation serait-elle la clé, le sésame nécessaire pour la recherche d’une orientation ? Comment faire quand elle n’est pas au rendez-vous ?”

L’Etudiant auditionné à l’Assemblée nationale sur le thème de l’orientation – Educpros (letudiant.fr). Éditorial par Ariane Despierres-Féry. “Une première pour le média leader de l’information à l’orientation. Jeudi 27 avril, la présidente du groupe l’Etudiant et la directrice de la rédaction ont été auditionnées par les députés de la mission de suivi du rapport d’évaluation de l’accès à l’enseignement supérieur.”

Supérieur

Les universités de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et d’Evry intègreront pleinement l’université Paris-Saclay en 2025 – Educpros (letudiant.fr). “La trajectoire d’intégration a été approuvée dans ses grandes modalités par les instances des trois universités et devrait se concrétiser au 1er janvier 2025. Cette procédure juridique permet l’émergence d’un groupement unique en France : les universités vont chacune garder leur personnalité juridique et leur personnel.”

Université : la plate-forme Mon Master sous le feu des critiques des enseignants – Le Parisien. “Depuis lundi, la récupération des dossiers de candidature ne se passe pas comme prévu. Sur ce site qui gère les admissions en quatrième année de fac, les candidats avaient déjà rencontré des problèmes techniques.” Abonnés

Les enseignants du second degré affectés à l’université réclament une reconnaissance (lemonde.fr). “Au nombre de 13 000, ces enseignants, souvent agrégés, ne touchent pas les mêmes primes que les enseignants-chercheurs et ne sont pas non plus concernés par la revalorisation des carrières à l’éducation nationale. Pour protester, une partie d’entre eux refusent d’examiner les dossiers sur Parcoursup. “Par Soazig Le Nevé. Abonnés

Ailleurs

Une épée de Damoclès sur les enseignants japonais : trop d’heures de travail mènent à la rupture | Nippon.com – Infos sur le Japon. “Avec de si longues heures de travail, les enseignants japonais sont exténués. Le pays connaît des problèmes de recrutement, la carrière n’attire plus. Un expert en éducation en appelle à une nouvelle législation et à un financement adapté pour éviter la crise qui couve et menace l’école publique.”

Québec écarte l’idée d’un ordre professionnel pour les profs | La Presse. “Malgré les récents cas de violence de la part d’enseignants mis au jour dans les médias, le cabinet du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, dit que la création d’un ordre professionnel des enseignants n’est « pas dans [ses] cartons ».”

Enseignement: pourquoi les profs ne veulent-ils pas être évalués? – Le Soir. “C’est ce jeudi que les syndicats organisent une grande manifestation contre le projet d’évaluation des enseignants. Derrière le rejet de l’évaluation-sanction, se cache la crainte de porter atteinte au statut des profs.”

Ressources et réflexions

Il faut révolutionner les savoirs scolaires ! (1/2) – AOC media. Par Roger-François Gauthier, DOCTEUR EN SCIENCES DE L’ÉDUCATION. “L’École injuste est d’abord une École dont les savoirs ne conviennent pas, ne sont pas en phase avec son ambition démocratique, avec les questions qui se posent aujourd’hui aux élèves réels comme à l’humanité tout entière. Une question centrale émerge : comment effectuer, entre tous les savoirs, le choix de ceux qu’on enseigne ?” Et la deuxième partie : Il faut révolutionner les savoirs scolaires ! (2/2) – AOC media. “S’il est urgent de transformer radicalement la politique scolaire française en prenant enfin en compte les savoirs, il serait toutefois d’un aveuglement coupable de croire qu’il est possible de légiférer en matière d’éducation dans un seul pays sans se préoccuper dès l’origine de l’aspect international des questions, de la privatisation de l’accès aux savoirs à l’omniprésence étatique.”

Géraldine Duboz (aidée par Bernard Desclaux)

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