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Revue de presse du dimanche 12 juin 2022

 

 

Crise des recrutements

Le métier peine à recruter et la rentrée s’annonce très compliquée. Y aura-t-il un professeur dans chaque classe en septembre? « C’est la grande question du moment et l’immense défi que Pap Ndiaye, nouveau ministre de l’Éducation nationale, va devoir relever. D’une même voix, les syndicats enseignants prédisent déjà que la rentrée 2022 sera tendue, au regard des alarmants résultats d’admissibilité aux concours pour devenir prof.” Le Figaro

Non seulement on a du mal à recruter mais ils sont de plus en plus nombreux ces professeurs qui décident d’abandonner l’école
“Le métier d’enseignant n’attire plus. Parfois même, certains professeurs craquent, et quittent définitivement l’école. Portrait d’une enseignante qui a claqué la porte.
Nathalie Portois, ancienne professeure de technologie, a jeté l’éponge il y a deux ans, après 30 ans dans l’enseignement. Poussée dehors par un burn out, elle est désormais soulagée. « La sortie de l’Éducation nationale a été un vrai parcours du combattant. Ça a été une véritable libération lorsque j’ai pu signer cette rupture conventionnelle », confie-t-elle.”

L’urgence amène à des méthodes qui font réagir tout le monde. Face à la pénurie, les job datings font grincer des dents
“Depuis de nombreuses années, l’Éducation nationale s’arrange de son incapacité chronique à assurer tous les remplacements de professeurs absents, dans le primaire comme dans le secondaire. Une situation qui risque de s’aggraver à la rentrée prochaine comme aux suivantes, car dans certaines disciplines ou académies, les concours ne font plus le plein.” L’Etudiant.

C’est dans ce contexte tendu qu’est sorti un rapport du Sénat. Face à « la pénurie d’enseignants », un rapport sénatorial montre que les revalorisations salariales ne suffiront pas
“Alors que les concours de l’enseignement attirent de moins en moins de candidats, Gérard Longuet rend ce jeudi un rapport sur « la crise de l’attractivité du métier d’enseignant », qui compare la situation de différents systèmes scolaires européens. Une constante ressort : la France doit rattraper les rémunérations de ses voisins, mais cela ne suffira pas face à une pénurie structurelle et généralisée.” Par Louis Mollier-Sabet. Certaines préconisation ont beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux, par exemple la présence obligatoire des enseignants 35h dans leurs établissements. D’aucuns ont fait remarquer qu’ils y gagneraient car, ne faisant plus rien à la maison, cela diminuerait leur temps de travail. Mesure déjà préconisée en d’autres temps mais qui peut paraître un peu obsolète en ces temps de télétravail croissant. On ferait l’inverse ? Plus prosaïquement, c’est toujours cette volonté de fliquer le temps de travail des enseignants, temps invisible car à la maison, mais pourtant bien réel, n’en déplaise à Gérard Longuet.

De son côté, le nouveau ministre Pap Ndiaye assure qu’il « ne pourra réformer qu’avec les enseignants »
“ Lors d’un déplacement en Bretagne dans le cadre de la campagne des législatives, le ministre s’est dit déterminé à « travailler sur le collège et aussi sur l’apprentissage »”
“« On va avancer ensemble car on ne pourra réformer et avancer qu’avec les enseignants, les enseignantes et l’ensemble de la communauté éducative », a déclaré le ministre, lors d’un déplacement à Dinan, où il venait soutenir le député LREM Hervé Berville, candidat à sa réélection dans la deuxième circonscription des Côtes d’Armor. Pour son unique déplacement de la campagne du premier tour des législatives, le ministre a choisi la Bretagne et a déclaré s’y sentir « très à l’aise », cette région étant « une terre de nuance, de centrisme et de consensus ».”
Il a d’ailleurs annoncé de grands débats dès la rentrée dans les écoles. Cependant les enseignants veulent d’abord une revalorisation, en préalable à toute discussion, comme le montrent les réactions à ce tweet.

La crise du recrutement ne touche pas que la France. Crise du recrutement: presque tous les pays d’Europe manquent de profs
“Selon un rapport sénatorial, la crise du recrutement touche la plupart de nos voisins, y compris ceux qui payent bien leurs enseignants. La commission des finances plaide pour une différenciation de rémunération selon les matières enseignées et les zones géographiques.” Encore des mesures proposées qui font couler beaucoup d’encre ! On imagine l’ambiance en salle des professeurs si la rémunération était différenciée selon les matières… Par contre, payer mieux les enseignants dans certaines zones géographiques, comme en région parisienne ou en zone frontalière de la Suisse où la vie est très chère, semble une évidence.

Pour Emmanuel Macron, une gouvernance libérale de l’école (comme l’expérimentation marseillaise) est la réponse à tous les problèmes. On en doute un peu !
Lors de sa visite à Marseille jeudi dernier, Emmanuel Macron a donné certaines indications ou perspectives qui peuvent être comprises comme un « précipité » en ce début de second quinquennat de ce qui était à l’ordre du jour depuis quelque temps et à l’horizon depuis la loi Debré instituant le cadre des établissements privés sous contrat.” Par Claude Lelièvre.

 

De saison !

Le dessin de Fabien Crégut

 

Une collégienne renvoyée de cours à cause de son ventre dénudé : «On ne s’habille pas comme pour un pique-nique»
“Lucie, 13 ans, a été maintenue en salle de permanence durant une matinée au collège public Bellevue, à Crosne (Essonne). Motif : son pull laissait voir une partie de son ventre. Sa mère dénonce un excès de zèle.” abonnés

Blanquer aspergé de chantilly: les professeurs dénoncent une Éducation nationale «en chute libre». Par Le Figaro avec AFP « Jean-Michel Blanquer faisait campagne sur un marché lorsqu’il a reçu de la crème chantilly au visage, avant de déposer plainte. Sur leur compte Twitter «ProfsChantillyonneurs» qu’ils ont créé dimanche, Christophe et Olivier, deux enseignants de technologie et d’arts plastiques en collège REP, expliquent longuement leur geste dans une vidéo potache intitulée «Blanquer mousse-Montargis-Chantilly gate». »

Bac 2022 : la correction des copies numérisées, mention bien ou mention passable ?
« Pour la première fois, les professeurs chargés de corriger les épreuves des élèves de terminale ont utilisé le logiciel de correction Santorin. Non sans quelques difficultés. »
Article rédigé par Guillemette Jeannot

Enseignement

L’école catholique est-elle une école comme les autres ?
“C’est le titre d’un ouvrage collectif publié sous la direction de Pierre Usclat et de Gwénola Réto, deux enseignants et chercheurs de l’Université Catholique de l’Ouest (UCO) à Angers.”

Mixité scolaire : que peuvent apporter les cours de récréation « non genrées » ? Christine Gautier Chovelon, Université Côte d’Azur
“Si la mixité scolaire représente un énorme progrès par rapport à une situation antérieure de ségrégation des sexes qui aboutissait à de plus grandes inégalités qu’aujourd’hui, son instauration n’a pas suffi seule à donner les mêmes chances aux filles et aux garçons. De nombreux travaux ont montré qu’il ne suffit pas de décréter la mixité (même si cela est nécessaire) pour que disparaisse la division sexuée des savoirs, des compétences et de l’orientation.”

Problèmes d’ados, problèmes de [Rezo]
“Et si parler nudes, publicité en ligne ou popularité sur les réseaux sociaux, c’était ça, l’éducation aux médias en 2022 ?
En tout cas, c’est le pari relevé par Fréquence écoles qui a sensibilisé près de 3000 collégiens de la Métropole de Lyon pour leur apprendre à maîtriser le réseau, dans le cadre de Super Demain. Un condensé de culture numérique abordé sans tabou et sans craintes !”

« Bouge ta classe », le succès d’une pilule sportive quotidienne à Rennes
“Échauffement, activité, étirements… Chaque jour, plus de 500 écoliers de Rennes et des alentours participent à une séance de sport simple mais efficace, dans le cadre du programme « Bouge » lancé par le Stade rennais. Dès la rentrée, les élèves d’école élémentaire feront 30 minutes de sport chaque jour », a promis le président Emmanuel Macron cette semaine à Marseille. Selon le gouvernement, des milliers d’écoles ont déjà répondu à l’invitation. Mais dans la pratique, ce n’est pas si simple.”

Orthographe : la dictée ne suffit pas à évaluer le niveau des élèves. Fanny Rinck, Maîtresse de conférences en Sciences du langage, Université Grenoble Alpes (UGA)
“« C’est une hécatombe », « c’est innommable », « je m’insurge », « ça m’attriste », « c’est épouvantable », « c’est une désolation », « c’est abominable ». Mais de quel « fléau » les personnes interrogées par Agnès Millet, Vincent Lucci et Jacqueline Billiez dans les années 1990 se plaignaient-elles donc par ces mots ? L’orthographe. Dans leur enquête, les trois chercheurs ont prêté l’oreille aux discours tenus à ce sujet par des utilisateurs ordinaires, enseignants, secrétaires, professionnels du livre, et des élèves du CM2 à la terminale.”
“L’apprentissage de l’orthographe est long et le reconnaître est important pour permettre aux élèves de s’approprier cette compétence plutôt que de cultiver le sentiment que leur propre langue leur échappera toujours. Actuellement, les universités mettent en place des formations à l’écriture, sous l’impulsion notamment du projet ANR UOH Ecri+. D’abord, il faut rappeler que l’orthographe ne suffit pas et que produire des textes maîtrisés, c’est savoir gérer leur cohérence, écrire à partir de sources, argumenter.
Concernant l’orthographe, il faut s’interroger sur les dispositifs en usage : est-il pertinent de reproduire ce qui a été fait auparavant sous prétexte que – mais aussi alors que – ça n’a pas fonctionné ? La réflexion doit se porter sur ce dont on a réellement et prioritairement besoin pour écrire correctement, et sur la manière dont les scripteurs s’y prennent quand ils sont en situation d’écrire.”

« Notre pays a besoin d’un choc scolaire pour une montée en compétences des élèves et des professeurs »
Tribune, Florian Mahot Boudias, Enseignant agrégé de lettres modernes en classes préparatoires de proximité
“Dans une tribune au « Monde », Florian Mahot Boudias, enseignant de lettres modernes en classe préparatoire, donne des pistes pour améliorer le système éducatif : former « une armée de professeurs motivés, compétents et agiles », rénover les concours d’entrée aux grandes écoles…”
Discuté et discutable….

La santé à l’école (en morceaux)
“Existe-il des convergences entre les systèmes éducatifs sur la santé à l’école ? La question pourrait sembler urgente puisqu’on sort (?) d’une pandémie mondiale particulièrement sévère. Le nouveau numéro de la Revue internationale d’éducation de Sèvres (n°89) n’apporte pas vraiment de réponses. Mais il laisse deviner des évolutions mondiales tant en ce qui concerne la médicalisation croissante des difficultés scolaires des élèves que le rapprochement (timide) entre professionnels de santé, parents et enseignants.”

Le niveau général des jeunes, un sujet complexe
“Les derniers résultats du baromètre UNSA, indique que « le niveau général de la connaissance des jeunes » doit être une priorité éducative. Quelles conclusions en tirer ? L’UNSA Education vous propose un petit détour sur ce sujet complexe.”.

Comment le lycée participe à « l’impression d’incompétence » des filles en informatique. Par Sylvie Lecherbonnier
“Dans l’étude « Les freins à l’accès des filles aux filières informatiques et numériques », le centre pour l’égalité femmes-hommes Hubertine-Auclert souligne le rôle du lycée dans la production des stéréotypes de genre.”

Supérieur

À Brest, un jeune migrant, brillant lycéen, accepté partout sur Parcoursup 
“Brillant élève au lycée Dupuy-de-Lôme, à Brest (Finistère), le jeune congolais Jonathan arrivé il y a trois ans en France n’a que l’embarras du choix pour choisir sa future école d’ingénieurs. Et ce sera la prestigieuse INSA de Lyon. Il ravit ses professeurs qui ont misé sur sa réussite.” Jonathan Kikanga, jeune Congolais arrivé à Brest il y a trois ans. Ouest-France,  Laurence GUILMO.

Parcoursup, machine à stress : « Au lycée, chaque note devient un enjeu majeur »
“Sélection de plus en plus forte, listes d’attente à grande échelle et algorithmes pas toujours très transparents : plus que jamais, l’orientation post-bac est une source d’anxiété pour les lycéens et leurs familles.” Par Alice Raybaud
CheckNews Parcoursup : combien de candidats sont toujours sans proposition ?
“La phase d’admission principale de Parcoursup a débuté jeudi dernier pour les 936 000 candidats de l’Enseignement supérieur.”

Décision du Conseil d’Etat
“Plusieurs associations de linguistes ont contesté l’obligation pour les élèves de BTS, DUT, licence de se présenter à une certification en anglais délivrée par un organisme spécialisé pour pouvoir obtenir leur diplôme. Selon le code de l’éducation, la délivrance des diplômes nationaux ne peut dépendre que des résultats du contrôle des connaissances et des aptitudes des étudiants par les établissements d’enseignement supérieur accrédités par l’Etat. Le Conseil d’Etat juge donc que le fait de conditionner la délivrance des diplômes nationaux de BTS, DUT et licence à la présentation d’une certification en langue anglaise auprès d’un organisme extérieur à l’établissement accrédité est contraire au code de l’éducation. Il annule donc le décret du 3 avril 2020 et l’essentiel de l’arrêté du même jour.”

Témoignage : Comment construire de nouvelles pédagogies ?
Julien Bobroff, Physicien, Professeur des Universités, Université Paris-Saclay
“L’appel à déserter d’étudiants d’AgroParisTech ou la récente tribune d’étudiants des Écoles Normales supérieures le démontrent avec force : les nouvelles générations se satisfont de moins en moins des cursus scientifiques actuels. Elles ne les trouvent pas forcément à la hauteur des enjeux.
Les jeunes ont besoin de comprendre pourquoi apprendre les sciences peut les aider à véritablement affronter les crises à venir, à commencer par la crise écologique. Il ne suffit plus de leur enseigner l’art des équations, même si cela reste nécessaire. Il faut aussi leur apprendre à travailler en groupe, à créer, à remettre en contexte des savoirs formels et, plus difficile encore, à se sentir acteurs des changements à venir, pas juste observateurs.”

 

Géraldine Duboz (avec Bernard Desclaux)

N° 577 – QUE NOUS APPORTENT LES MÉTHODES ?

Coordonné par Céline Walkowiak et Grégory Delboé, mai 2022

Dans quelle mesure la méthode s’impose-t-elle pour apprendre ou au contraire constitue-t-elle un obstacle voire une impasse ? Les méthodes, faut-il les transmettre ou les laisser se construire ? Et finalement, une éducation qui vise l’émancipation des sujets peut-elle se priver de méthodes ?

 

 

N° 576 – FORMER LES ÉLÈVES À LA COOPÉRATION

Coordonné par Sylvain Connac, Cyril Lascassies et Julie Lefort

Il ne suffit pas que quatre élèves travaillent ensemble pour qu’ils en tirent un bénéfice. Sans précautions spécifiques, la coopération peut même décourager les plus fragiles. Un des leviers pour que la coopération soit profitable à tous est la formation des élèves à la coopération, pour leur expliciter les attendus.