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Qui partage notre projet ?
Parmi les principes du CRAP, il y a la priorité aux plus défavorisés, le refus d’une conception élitiste de l’école.
Depuis quelques années, le ministère s’emploie à en proposer d’autres, ceux de la méritocratie, qui, si on les prend au sérieux, nécessitent assez vite de séparer le bon grain de l’ivraie, les trublions, les pas-prêts, les pas-propres, de ceux qu’ils empêchent d’aller plus vite, plus haut, plus fort, dès le jeune âge (la 6e, sinon avant).
Les agences privées d’aide aux devoirs, d’aide à la réussite, sont bien placées aussi pour apprendre à tous à regarder l’école publique comme une machine à ravaler tout le monde au même rang, qui empêche les bons de progresser à leur mesure et les génies méconnus de trouver les mentors compréhensifs qui feront pétiller leur motivation cachée.
Plongé dans ce bain d’idées, le citoyen parent d’élève, à qui on a appris la suspicion envers l’école, les enseignants, les autres élèves, tout ce qui peut menacer ou ne pas favoriser suffisamment la réussite de son enfant, se conduit souvent en défenseur de ses intérêts privés. Il diagnostique, en conseil de classe, une discipline insuffisante dans la 6e de son enfant, une classe bien ordinaire, et demande avec insistance ce qui est fait à ce sujet. Pour que Bernard reste assis, que Ginthia arrête de soupirer dix fois qu’elle ne comprend pas, que Linda ait un cahier digne de ce nom, que Benji s’abstienne de chercher querelle à tous, bref, qu’ils cessent d’obliger les enseignants à ralentir le cours.
Des enseignants opinent, malheureux de se trouver en difficulté ou en échec à cause des « ces élèves-là ».
Comment obtenir de notre société l’adhésion à un projet d’école « contenante », qui essaie d’exclure le moins possible et s’organise pour accepter momentanément des conduites moins rangées que d’autres en agissant, ouvertement ou discrètement, patiemment, pour qu’elles évoluent, avec l’aide de tous ?
Nous sommes bien peu, parfois, à défendre un projet comme celui-là.