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Puissance de la reconnaissance : chemin d’humanisation réciproque

Claire Heber-Suffrin, Chronique sociale, 2021

Inspirante et inspirée par son vécu, Claire Heber-Suffrin, fondatrice des Réseaux d’échanges réciproques de savoirs (RERS), nous parle avec précision de diverses sortes de reconnaissances. Ce livre est un généreux partage d’idées et de tranches de vie, où l’autrice interroge la place de la reconnaissance dans la société (reconnaissance/admiration, reconnaissance/gratitude mais aussi reconnaissance/funeste). Elle nous propose des pistes pour nous questionner sur les dimensions de celle-ci. Une série d’outils existants permettant de la mettre en évidence est aussi présente. Claire nous parle de l’importance de témoignages de reconnaissance qu’elle a eus, qu’elle a vus. Des échanges qui ont eu un impact sur sa vie professionnelle mais aussi sur sa vie personnelle. Ces derniers lui ont permis de prendre du recul, d’avoir une autre vision des choses, des évènements. Pour elle, la reconnaissance induit un travail sur soi, vers soi, mais aussi avec l’autre. Cette dernière revêt plusieurs fonctions : preuve, ouverture au présent et tremplin vers l’avenir.

Je ne résiste pas à l’envie de vous partager cet extrait p. 59 : « L’absence de reconnaissance peut être vécue, ressentie, considérée, analysée, comme une souffrance, une humiliation, une injustice, une fatalité, une pauvreté ou un appauvrissement, une fragilité ou une faiblesse, un handicap ou une infériorité, un délaissement ou un abandon, une preuve de ce que l’on ne mérite pas d’être reconnu ! C’est justement, cette souffrance de l’absence, à visages si divers et si douloureux, qui dévoile l’importance de la reconnaissance : de la reconnaissance des étapes ou de l’aboutissement d’un apprentissage, d’un cheminement intérieur, d’une coopération, d’un changement de métier, d’une entrée dans un nouveau monde pour soi… ».

retours d’expériences

À l’avenir, je garde à l’esprit que la reconnaissance, c’est ce qui peut être, que ce soit chez un enfant ou un adulte, un déclencheur vers une reprise de confiance en soi et dans les autres. Négliger l’influence ou l’importance que celle-ci peut avoir dans la vie de l’autre ou la sienne serait une erreur. Dans cet ouvrage, j’ai trouvé fort agréable les retours d’expériences sur le plan humain et sur celui de la connaissance. Les divers partages de rapport à l’école, des relations entre les familles et les professeurs, entre les professeurs et les élèves m’ont plu également, mais ce qui est vraiment mis en exergue, c’est l’implication des personnes qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes. « La reconnaissance n’est pas une morale ! Elle est une relation ! Elle est une présence. Elle est un mouvement de soi vis-à-vis d’un autre », dit l’autrice.

Engagé et engageant, c’est un livre que je relirai dans le temps pour mieux en percevoir toutes les nuances et les subtilités. « Qu’est-ce que cela fait à l’autre de n’être jamais attendu pour ce qu’il peut apporter ? De n’être vu que par ce qu’il n’est pas, ne fait pas, ne sait pas, ne peut ni être ni faire ni apprendre ? » s’interroge l’autrice. Si, vous aussi, la question vous intrigue, vous parle, je vous invite à lire ce livre. Bon voyage !

Angélique Libbrecht