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Obéir aux lois : ça dépend…

Lors d’une enquête qui vient d’être publiée par la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance)[[ Lire la note d’Information 96.32 ]], on a demandé à des élèves en fin de CM2 et en fin de 3e de répondre à des questions sur leurs attitudes à l’égard de la vie en société, dix ans après une première enquête. On y trouve des constats encourageants sur l’attachement à la solidarité et le refus des discriminations, surtout de la part des collégiens. Mais ceux-ci manifestent beaucoup moins de respect des règles, notamment celles de la vie scolaire, que les élèves de CM2.
À l’affirmation « Il faut obéir aux lois seulement si on est d’accord avec elles », les écoliers étaient 58,1 % à considérer l’idée « inacceptable » en 1995 ; ils ne sont plus que 38,6 % en 2005. L’évolution est similaire pour les collégiens. Les auteurs de l’étude soulignent en même temps une régression des attitudes dans le domaine de la vie scolaire : les élèves sont moins critiques à l’idée de mentir aux professeurs ou de copier lors des contrôles.
Remarquons d’abord qu’une certaine confusion règne dans nos esprits – et dans ce texte – entre la loi et la règle, entre le nécessaire respect de la loi votée et le devoir de désobéissance, dans certains cas…
Mais soit, parlons des règles de la vie collective : voilà donc une jeunesse sans repères ? Un phénomène sans doute bien plus fort en ZEP-REP ? Pas tant que cela. Les différences entre types d’établissements sont significatives mais ne dépassent jamais plus de quelques points, dit l’enquête.
Alors sur qui nos enfants ont-ils pris exemple ? Car dans ce pays, les adultes ne trichent pas avec les impôts, ne grillent pas les feux rouges, n’excèdent pas les vitesses autorisées, même quand il n’y a pas de radars. Ils participent avec courtoisie aux réunions de copropriété et acceptent avec civisme les dépenses collectives pour des services dont ils profitent.
Pour les écoles de leurs enfants, ils ne cherchent pas à contourner la carte scolaire en inventant des grands-mères qui vivent dans des boîtes aux lettres.
Ils n’allument pas leur cigarette dans l’ascenseur ni dans le sas « non-fumeur » du train ; ou s’ils le font par extraordinaire, on n’en verrait jamais un répliquer tout haut, avec un gros rire, à la barbe du passager qui se plaint de la fumée et en appelle aussi bien à son malaise qu’à la règle affichée : « Les lois… elles sont faites pour être contournées… surtout par moi ! »

Florence Castincaud