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Numéro 500 !

Cécile, Jacques,

«Quels souvenirs gardez-vous ?», vous ai-je demandé. Cécile, vous m’avez envoyé un long message. J’ai d’abord découvert dans le détail ce qui a marqué les esprits, ce coup de tonnerre qui a changé pour toujours la trajectoire des Cahiers :

«L’épisode marquant, central, de mon « mandat » a été la dénonciation par le ministère de la convention qui liait les Cahiers à l’IPN, le CNDP de l’époque. Cette convention nous valait plusieurs avantages : pas de souci d’éditeur, l’IPN était l’éditeur ; pas de censure sur les articles pour autant ; quelques décharges de service ; et l’abonnement automatique de tous les établissements d’enseignement secondaire, y compris les lycées français à l’étranger. Autant dire : nous avions le souci rédactionnel, avec quelques moyens humains, mais aucun souci financier. Le fait que nous ayons pris parti pour les étudiants en Mai 68, […] et deux ou trois autres chefs d’accusation ont servi à justifier la dénonciation de la convention. Il a alors fallu poursuivre le travail de Jean Delannoy sans sa décharge, trouver un éditeur, assurer notre équilibre financier malgré la baisse rapide des abonnements (fin des « abonnements d’office »). Période d’angoisse pour moi, je craignais d’être celle qui enterrerait la revue, je l’avais reçue et je tenais à la transmettre. J’ai passé la main au début de l’année scolaire 1980-1981, à la veille de l’arrivée de la gauche au pouvoir, qui allait nous redonner quelques décharges pour faire le travail. Un peu tard pour moi, mais quel soulagement pour toute l’équipe !»

J’ai retrouvé aussi des éléments du quotidien d’un rédacteur en chef surfant sur la vague du sentiment de responsabilité pour gérer impondérables et inespérés.

«Boucler un numéro, c’était recevoir le dossier central et les différentes autres rubriques, et penser la mise en page pour que le tout tienne dans les quarante pages que nous pouvions nous payer, quitte à rogner ici sur un article, reporter une rubrique au mois suivant, etc. Travail de finition que je faisais fort tard dans la nuit. Enfin, lorsque l’imprimerie avait fait son travail, restait la correction des épreuves avant le bon à tirer. Le souvenir que j’en garde est celui d’une vraie expérience de vie d’équipe, de travail en équipe, et d’amitié. La sortie du numéro a toujours été un moment jubilatoire. Le pire souvenir est aussi le meilleur : un responsable de dossier qui prévient un mois avant la remise de son texte qu’il renonce. Tout un dossier central à improviser en un mois, alors que nous les mettions en route au moins un an à l’avance. Et gagner le pari de sortir un numéro acceptable, grâce à la mobilisation de l’équipe, du petit noyau amical».

Quant à vous, Jacques, vous m’avez littéralement fait remonter le temps quand j’ai lu vos documents reçus en trois enveloppes, comme trois ères de recherches : l’étude sur les lecteurs des Cahiers, les documents de préparation de manifestations, des courriers, vos billets aux titres incisifs, et les textes de réflexion aussi, sur la formation après 81, sur le nouveau logo du CRAP en 1993, sur les incidences des changements de maquette de la revue qui s’éloigne de son côté amateur, ou sur la distance convenable à adopter avec les politiques. Vous savez, Jacques, les sujets dont nous parlons et reparlons, les problèmes et désaccords à résoudre sont toujours un peu les mêmes. Pourtant on croit inventer, comme vous deviez le croire aussi.

La plongée n’a pas été que de mon côté semble-t-il, puisque dans une lettre, une vraie lettre manuscrite, vous avez terminé ce passage de témoin en me disant : «C’est drôle de replonger dans tout cela. On réfléchissait, on discutait, on prenait le métier au sérieux. Et quand je pense que cela continue… C’est bien