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Mon expérience au sein du groupe d’élaboration des programmes de Cycle 4
Représentant la discipline « Français » au sein de ce groupe, j’ai vraiment apprécié le travail mené de septembre à janvier, dans une atmosphère toujours agréable d’échanges passionnants, parfois ponctués de moments conviviaux mais aussi de perplexité devant l’ampleur de la tâche, dans un délai si court !
Manière quand même bien originale que de travailler sur les programmes avec toutes les disciplines du collège, le professeur-documentaliste, en élargissant au CPE. Quitte à organiser des sous-groupes par discipline, et là aussi nous avons passé de longues heures avec une jeune collègue d’un établissement de banlieue et un IPR très engagé, ainsi que Denis Paget du CSP, à réfléchir à ces programmes de français qui doivent concilier et articuler de nombreux objectifs, tout en étant, nous en étions bien conscients, sous le feu des médias et de l’opinion, pas toujours bien informée des réalités du terrain.
Contrairement à ce que pensent certains, de nombreux membres des groupes de travail étaient des enseignants devant élèves, mais il faut savoir qu’il est bien difficile de concilier le temps dans son établissement, parfois lointain, et la présence régulière à Paris pour le groupe de travail.
Entre deux séances (une bonne dizaine en tout), d’innombrables mails, pour peaufiner telle formulation, pour alerter sur un langage trop technique, pour essayer d’y voir plus clair sur l’objectif de telle discipline, pour tenter d’être plus concret. Un travail toujours appuyé sur un grand nombre de contributions d’experts en tous genres (chercheurs, inspecteurs, associations) et on peut deviner qu’en français elles furent nombreuses. Plaisir d’ailleurs que de voir des avancées importantes dans les conceptions de la discipline de la part de l’Inspection générale.
Ajoutons les moments d’échange avec le travail de cycle 3 et la difficulté par exemple à écrire ce qui sera le volet 1 : un document qui explicite la spécificité du cycle 4 par rapport à ce qui précède, autrement qu’en termes d’approfondissement. Un bel exercice auquel finalement on se livrait assez peu auparavant. Et l’échange de regards entre disciplines permettait justement d’une part de mutualiser des apports, de l’autre de mieux faire ressortir des spécificités. Par exemple, j’ai pu proposer une réflexion autour des outils pour le raisonnement, utilisés par toutes les disciplines, en dépassant une conception un peu réductrice et « naïve » les limitant aux connecteurs du type « parce que »… Et d’un autre côté, notre collègue documentaliste a souvent eu l’occasion de nous interpeller sur le rôle majeur que doit jouer « l’éducation aux médias et à l’information », préoccupation croissante quand nous nous sommes revus peu après le 11 janvier. Nous avons pu enfin échanger avec nos collègues travaillant sur les « parcours » et sur l’enseignement de la morale civique, pour pouvoir les intégrer réellement dans les programmes, au-delà de vœux pieux.
J’ajouterai le plaisir à travailler avec l’équipe du secrétariat du CSP, toujours disponible et compétente : il fallait parfois de la patience pour s’y retrouver entre multiples versions numériques de textes changeant de minuit au petit matin, pour relancer ceux qui n’avaient pas respecté les délais, pour combiner les agendas si chargés des uns et des autres…
Mais attention : tout n’a pas été idyllique. Le retard pris par le Conseil supérieur des programmes à lancer pleinement ce chantier (n’a-t-on pas perdu un an ?) a contraint à des délais très courts, trop courts, le guidage est resté souvent flou sur ce qu’on attendait de nous (de la part de la DEGESCO notamment). En particulier nous sommes quelque peu dans l’incertitude sur la poursuite du travail, notamment autour de ce qui est devenu « EPI » et que nous concevions sous le forme d’« objets riches interdisciplinaires », alors que nous avions commencé à examiner tout ce qui pouvait servir de support de travail à ces activités, en partant de grandes problématiques comme : comment savoir si c’est vrai ? comment communiquer ? ou encore comment être et rester en bonne santé ? De même que sur le plan des disciplines, nous avions commencé à élaborer des compléments éventuellement disponibles par des liens hypertextuels à partir des programmes en ligne. Nous espérons que nous pourrons en être partie prenante, avec la DEGESCO, bien sûr.
J’ai été honoré de participer à ce groupe qui a aussi illustré l’idée qu’il n’y a rien de tel que de travailler sur le fond pour dépasser d’éventuels clivages, mais il est vrai que quelques idées-force semblaient animer le groupe : la volonté de faire réussir tous les élèves, de les rendre actifs, de donner davantage du sens à nos enseignements et de penser que la confrontation entre des approches diverses, avec points de convergence, est une des meilleures façons d’y parvenir.
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