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Les droits de l’enfant en pixels

Le projet des « droits de l’enfant en pixels » a pour but de faire réfléchir les enfants sur le sens de ces droits en les amenant à les illustrer par une photo où ils se mettent en scène. Les photos sont rassemblées dans une fresque qu’on propose d’intituler Pour un monde plus juste.

(Cette proposition est adaptée d’un dispositif plus vaste, intercantonal, mis en œuvre en Suisse dans les cantons de Genève et Vaud)

Premier temps

Tout d’abord, les enfants sont amenés à réfléchir sur la thématique des droits de l’enfant grâce à des documentaires vidéos ou ouvrages papier qui présentent une journée dans la vie d’un enfant dans des pays très différents et moins riches que les pays européens… On met ainsi en évidence des éléments qui paraissent aller de soi, comme le fait d’aller toute la journée à l’école, mais qui ne sont pas pour autant une évidence dans le reste du monde. Ce travail conduit à aborder l’ensemble des dix droits de la charte (dans une version simplifiée).

Deuxième temps

Chacun reçoit pour mission d’illustrer un des droits de la charte simplifiée. Pour ce faire, il se met en scène dans une photo numérique (avec téléphone portable) prise en buste, avec tous les accessoires qu’il souhaite, panneaux, autres signes qu’il juge nécessaires pour transmettre l’idée liée au droit qui lui a été attribué.

Le projet est d’insérer toutes les photos qui seront réalisées dans une « fresque » collective, comme un ensemble de « pixels » formant une image.

Cette phase se déroule en deux étapes. D’abord, les enfants explorent le sens de chaque droit en s’échangeant des idées, certains ayant le même droit à représenter. Cela leur permet d’imaginer une mise en scène symbolique et de faire la liste du matériel nécessaire. Ensuite, ils se mettent en scène pour la photo. Ils peuvent voir immédiatement le résultat et constater la force évocatrice de leur image dans cette étape individuelle, avant de pouvoir la découvrir plus tard dans l’œuvre collective.

Des photos sous contraintes

L’un des outils principaux de ce projet est le smartphone avec ses capacités de prise de vue et ses applications qui permettent aisément de respecter les contraintes formelles.

Afin de pouvoir s’insérer de manière harmonieuse dans la fresque, toutes les photos doivent respecter certaines normes. Le cadrage, tout d’abord, doit prendre l’enfant en buste, avec une orientation portrait et les yeux placés aux deux tiers de la hauteur. Ainsi toutes les représentations des élèves ont la même taille et prennent la même importance dans l’ensemble. Ensuite, chaque image doit respecter un code couleur défini à l’avance, afin que le « pixel » puisse s’insérer dans l’image globale. Ainsi le fond est imposé et les élèves doivent s’arranger pour que, globalement, leurs habits et leurs accessoires puissent correspondre à ce code imposé.

Imagination

L’une des compétences principales développées lors de ce projet est la capacité de transposer une idée véhiculée par un texte (la charte) en une illustration imagée ayant pour support principal leur propre visage. Les participants font appel à des représentations symboliques et figuratives pour transmettre leur idée de manière originale. Ce travail permet de créer une grande dynamique collaborative, car il faut être original tout en respectant les productions des camarades ainsi que les consignes données en amont. L’imagination pour représenter un droit invite à développer une recherche personnelle qui s’insère dans un collectif. Le respect des consignes et le respect des réalisations des autres camarades sont des facteurs fondamentaux pour créer cette œuvre collective.

Carole Garcia et Corneel Mertens
Enseignants à l’école primaire genevoise
Andreea Capitanescu Benetti
Chargée d’enseignement dans la formation des enseignants du primaire, université de Genève