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L’école, mode d’emploi critique

Blandine Leroy (dessin), Verena Richardier (scénario), idée originale et coconception Jean-Paul Payet, Diane Rufin et Zakaria Serir, éd. Interroger l’éducation, 2023

Nathalie Chesse, formatrice en français à l’Inspé de Douai, Noémie Bultez et Margot Sapin, étudiantes de l’Inspé de Lille, sur proposition de Grégory Delboé, ont réalisé la recension de cet ouvrage en évoquant, chacune, ce qu’il a leur a apporté.

Je me destine à devenir professeure des écoles et j’ai lu avec beaucoup d’intérêt ce roman graphique destiné aux néophytes en sociologie et qui pose la question des inégalités à l’école. Il me semble essentiel qu’un futur professeur en ait conscience. Le format utilisé, roman graphique, est attractif et accessible. En effet, nous voici dans une salle de classe, aux côtés d’étudiants qui aspirent à devenir professeurs. Avec eux, nous assistons à trois cours de sociologie de l’éducation. Son aspect ludique n’empêche pas des apports scientifiques précis : définitions exemplifiées et citations de sociologues renommés viennent appuyer la démonstration.

À travers les personnages auxquels, en tant qu’étudiants en master MEEF, nous pouvons nous identifier puisqu’ils transcrivent nos angoisses, ces auteurs souhaitent éveiller notre esprit critique. Ils nous poussent à nous interroger sur l’éducation, l’école et ses dysfonctionnements ; ils essaient de « donner un sens à l’écart entre le dire et le faire ». En sensibilisant ceux qui ne sont pas familiers de la sociologie, ce roman graphique permet aux lecteurs de mieux comprendre « les mécanismes inégalitaires cachés » afin que nous puissions imaginer l’école autrement, une école plus juste qui favorise la réussite de tous.

 

Cet ouvrage m’a plu, il met les pieds dans le plat. D’emblée, le titre donne la couleur : L’école, mode d’emploi critique. N’est-ce pas précisément l’attitude spontanée de beaucoup à l’égard de l’école ?

Je sais que je vais devoir affronter ce que nul autre corps de métier ne connait : personne ne songe à expliquer au boulanger comment faire le pain, ni au boucher comment découper la viande, ni au plombier comment remplacer le robinet ; en revanche, chacun se sent autorisé à donner son avis sur notre enseignement. L’intérêt de ce roman graphique est de proposer à partir de ce constat un angle d’analyse sociologique. Pourquoi cette implication, plus ou moins bienveillante, de tous dans l’école ?

Les problèmes posés sont nombreux : confiance ou non des parents dans l’école ? Comment communiquer avec ceux-ci ? Comment être entendu par l’institution ? Comment tendre vers la fameuse « égalité des chances » ? Mais la prise de conscience de ces problèmes, avec l’apport théoriques de sociologues et chercheurs en science de l’éducation, loin de nous décourager, permet de nous interroger sur les actions à mener de façon plus efficace.

 

Je recommande aux étudiants la lecture de ce roman graphique, car il illustre combien la réflexivité est l’indispensable préalable à toute action pédagogique.

Les étudiants sont le plus souvent d’abord soucieux d’apprendre des méthodes « clés en main » pour leur futur métier. Les cours de littérature, de sociologie, de psychologie peuvent dès lors être vécus comme des pensums inutiles. Précisément, il me semble que l’un des intérêts de ce roman graphique est de proposer une forme de maïeutique qui les engage à dépasser ce clivage entre théorie et pratique.

De fait, le professeur de sociologie mis en scène au milieu de ses étudiants initie la réflexion en prenant appui sur leurs préjugés. Il apporte ensuite des éléments théoriques qui permettent d’en penser les origines pour mieux en mesurer les limites. Sont ainsi abordées des perspectives politiques, sociologiques, philosophiques qui engagent ces futurs professeurs dans une perception plus claire des enjeux de leur futur métier.

J’ai pu noter que les différentes questions évoquées avaient suscité un réel intérêt. Souvent encouragés à faire de leurs élèves des acteurs de leur apprentissage, ils ont mesuré combien ils pouvaient eux-mêmes être des acteurs dans la construction d’une société plus juste. Pour conclure, je dirais que le format attractif de ce roman graphique est également un réel atout pour susciter leur intérêt.