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Le Torball, un jeu pour l’inclusion

Inclure, oui, mais plus encore apprendre à jouer ensemble, à partager des règles de jeu et des relations. C’est le pari fait avec ce jeu de Torball.

Quelle activité support se prêtera au mieux aux adaptations nécessaires à l’élève en situation de handicap ? Nous avons choisi le Torball, issu du champ sportif du handicap, qui peut facilement être mis en œuvre, le matériel se limitant à six foulards pour les yeux, une cordelette, un ballon sonore et des tapis.

Le jeu se joue à trois contre trois. Chaque joueur dispose d’un masque opaque sur les yeux, les rendant aveugles. Les joueurs doivent, à l’aide d’un ballon sonore, marquer un but en l’envoyant depuis leur camp. Le tir, pour être valable, doit passer sous les fils sonores tendus au niveau du milieu du terrain. Les joueurs en défense attendent sur leur tapis d’orientation que le tir soit déclenché. À partir de ce moment, ils peuvent agir pour empêcher le ballon de pénétrer dans leur but. Avec des jeunes élèves, il est utile d’organiser le ramassage des ballons (quatre élèves) et l’arbitrage (deux élèves).

Cette APS tient compte des ressources de l’élève atteint d’une déficience visuelle, mais permet aussi à tous de développer des compétences. Sur le plan des capacités motrices, l’ensemble des capacités attendues pour le cycle 3 est mis en jeu par les élèves. Se reconnaitre attaquant ou défenseur en fonction de la possession ou non de la balle incite à adopter des postures et des attitudes propres à lancer la balle vers le but ou à l’arrêter. Ce jeu offre la capacité à enchainer une réception (défense) et un tir (attaque) de manière rapide, créant une incertitude propre à mettre en danger l’adversaire. Enfin, des alternatives simples de jeu existent : réceptionner et tirer, ou réceptionner, passer et tirer.


Le Torball s’apparente aux autres jeux de renvoi que peuvent pratiquer les élèves de cycle 3 : jeux traditionnels de renvoi du type « balle au prisonnier », « les aigles et les messagers » ou des jeux sportifs type volleyball ou de raquettes. Il a l’intérêt de tenir les deux bouts de la chaine inclusive : tout d’abord permettre à tous les élèves de cette classe l’acquisition de la compétence « coopérer ou s’opposer individuellement et collectivement », et ensuite, inclure l’élève en situation de handicap, qui accède ainsi pleinement à cet apprentissage. Le choix de cette activité « supprime la différence », car l’ensemble des élèves se retrouve avec la même limitation. L’élève en situation de handicap se retrouve joueur, comme tous ses camarades. Dans ce cas, ce sont les élèves valides qui accèdent à des sensations et des perceptions nouvelles. Ce choix favorise l’empathie et une meilleure compréhension des élèves vis-à-vis de leur camarade en situation de handicap.

Cette réflexion et cette dynamique évitent des choix malheureux, qui réduisent parfois l’élève en situation de handicap aux tâches d’organisation ou, pire, l’exilent dans un autre lieu.

Paul Bouvard
Conseiller pédagogique de circonscription EPS dans le Rhône
Frédéric Meynaud
Enseignant spécialisé, directeur d’école