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La France face aux marchés financiers

« Vu à la télévision » est aujourd’hui le seul label qui donne à une idée, à un homme aussi bien qu’à un pot de rillettes une audience nationale. Mais nos chaînes de télévision, nos radios, nos groupes de presse sont souvent privés – certains sont même cotés en Bourse ! Lorsqu’ils ne le sont pas, leur financement est largement tributaire de leurs recettes publicitaires et donc de leur audience. Comment faire de l’audience tout en informant, comment faire du tirage tout en étant le support d’un débat collectif ?

Trouver la solution de cette équation n’est pas simple. Analyser et commenter l’information est coûteux. Rendre compte de la diversité des opinions, faire comprendre en quoi elles s’opposent, sur quoi elles convergent l’est tout autant. Travaillant souvent à l’économie, ayant peur d’ennuyer leur public, les médias vont, la plupart du temps, donner de l’actualité économique et sociale, une vision plate et sans force. Ce que dit l’expert derrière son bureau ou le passant devant un micro-trottoir n’a guère d’importance. Ce qui compte est seulement qu’un « son », des images viennent illustrer une nouvelle, la rendre, un instant au moins, « vivante ». De temps en temps, les choses vont prendre plus de relief. La télévision, les journaux « mettront en scène » l’actualité d’une manière plus dynamique. Le débat prendra alors souvent un tour théâtral : le jeu des acteurs, leur talent d’expression compteront plus que l’argumentation défendue. Les médias constituent ainsi un redoutable filtre du débat démocratique : ils le colorent et le déforment largement.

Alain Beitone