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Imaginer demain. Chroniques cartographiques d’un monde à venir
Julien Dupont, dit « Kobri », Armand Colin éditeur, 2024« Demain restera donc un autre jour, à jamais inatteignable puisque nous ne faisons que l’expérience du présent. C’est là où ça se passe et qu’il faut agir avec discernement pour que les générations futures, ces entités magiques, prolongent notre expérience éphémère. » Ce sont les derniers mots de Kobri, ou Julien Dupont, professeur d’histoire-géographie en collège et artiste cartographe de génie que la critique devra saluer à sa valeur si l’Éducation nationale qui l’emploie ne le fait pas…
Son livre, remarquable de références artistiques, scientifiques, et littéraires est parti de l’imagination débordante d’un garçon passionné qui, un jour, demanda si l’IGN de Lyon ne disposait pas de vieux fonds de cartes devant finir au pilon des cartes périmées. Un carton plein et quelques feutres de couleurs plus tard, « une carte imaginaire raccommodée a fini par recouvrir un mur entier de mon appartement. Un détroit séparait désormais Saint-Étienne d’Istanbul et une route serpentait de Marrakech à Saint-Raphaël ». Dès les premières lignes, le ton est donné avec ce constat du philosophe Gilles Tiberghein : « La carte ne permet pas seulement de voyager grâce aux informations qu’elle nous fournit, elle constitue déjà elle-même un voyage en son genre. »
Vous l’aurez compris, Kobri nous entraine dans son voyage imaginaire, nous livrant, en six chapitres illustrés de près de 60 cartes en couleurs (« la géographie, ça sert d’abord à faire du coloriage », reprend-il à Yves Lacoste (1976). Et puis, il y a ses textes : Scènes d’exposition, Le premier rôle, L’épice, Le décor, Les chemins et les lieux et, en sixième position, Happy end, fin tragique ou Cliffhanger. Ces six chapitres évoquent une « scénarisation du futur » qui pourrait nous « faire vivre la sixième extinction de masse ». L’évocation des différents rapports du GIEC et les polémiques qui en découlent, relayées par les réseaux dits sociaux ont aussi leur place…
Dès la page 120, « Le décor » est planté. Sans concession. Le propos n’est pas alarmiste, il est renseigné, sourcé, factuel. Kobri imagine ses cartes mais écrits la science, et la fiction. « J’ai puisé dans mes souvenirs d’enfance et dans des recherches pour écrire des constats », avoue-t-il lors d’un entretien, et « je sais que mon livre pose des problèmes aux libraires qui ne trouve pas le rayon approprié pour le présenter ». Le tout dernier texte : « Le monde de demain », veut convaincre qu’il existera. L’ensemble engage le lecteur, tout au long des pages, à imaginer demain et, enveloppé d’une musique appropriée, à irrémédiablement « rêver d’un autre monde ». Pour cela aussi nous aimons le bel ouvrage de Julien Dupont. Merci Kobri.


