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« Filles et garçons à l’école, des pratiques pour l’égalité »

Lucie Caron et Agnès Pirès

Lucie Caron et Agnès Pirès

Jean-louis Auduc, participant à l’atelier, a rappelé que bien peu de formations initiales ou continues intègrent cet élément, très important selon lui pour la réussite de tous les élèves. Les formations d’établissements, avec tous les personnels, de la direction aux surveillants, des enseignants aux personnels administratifs, sont un mode très influent pour faire changer les représentations et agir sur les parcours d’élèves. Des statistiques sexuées sont souvent un déclic pour prendre conscience des choses.

il a été noté qu’intervenir en classe sur ces sujets est difficile si on le fait seul. C’est une démarche sans doute plus influente si une équipe entière est formée sur le sujet. Des résultats de recherches mettent à jour l’invisible dans nos comportements. Les statistiques éclairent également.

Mais si l’on est seul, il est possible pour d’intervenir. La question posée parfois est « Et vous, qu’auriez-vous besoin de changer dans votre manière d’agir, tous les jours ? » Une introspection paraît un mode réaliste pour intervenir. Sachant que l’information n’est pas toujours suffisante pour faire bouger des pratiques.

La ségrégation sexuée des métiers s’est amplifiée depuis 20 ans, les métiers de la relation sont devenus très largement féminisés. Au niveau des cadres, les femmes sont beaucoup plus représentées dans le public que dans le privé.

table_2.jpgA l’école, ce qui marche pour faire venir les papas : inviter, au moment de la rentrée, les parents, les responsables des associations sportives, musicales, etc. de la ville, pour inscription aux activités. On n’est pas là pour parler des problèmes des enfants, on est accueillant. Et cela encourage à revenir.

La déconstruction passera également par le décryptage des émissions de télévision, extrêmement suivies par les très jeunes et jeunes (les anges de la téléréalité, les ch’tits à Miami) et extrêmement porteuses des stéréotypes hommes-femmes. Les… pires.


Compte-rendu de l’atelier, par Agnès Pires et Lucie Caron :

Faire de l’égalité filles-garçons une priorité au sein des établissements suppose que les prises de conscience, les regards et les changements dans les pratiques soient accompagnés, étayés et partagés de la formation à la mise en œuvre dans les établissements en cohérence avec un territoire.

La formation

La formation au genre et à l’égalité doit être intégrée à la formation initiale (comme le recommande la convention interministérielle 2013-2018) et faire partie des thèmes d’interrogation au concours. En formation initiale et continue, elle doit s’adosser aux recherches en cours, diversifier son offre et inclure l’apprentissage de la critique des médias.
Il est nécessaire qu’elle intègre l’élaboration d’outils statistiques sexués et l’apprentissage de leur lecture.
La formation doit permettre de distinguer ce qui relève de l’information, de la formation et la mise en œuvre pratique à partir d’une analyse des pratiques genrées en cours.
La formation d’établissement doit inclure tous les personnels de l’établissement avec comme entrée « la réussite pour tous et toutes ».

L’équipe  

table_1.jpgComment faire équipe autour de cette question dans l’établissement ? Le travail en équipe sur ce sujet est une nécessité. Eviter l’isolement.
Interroger la place et le rôle de l’école dans la transmission des valeurs humanistes d’égalité et de respect entre les filles et les garçons au regard de l’évolution de la société, déconstruire le « délit d’initié » qui freine la compréhension des transformations, déconstruire le « machisme »qui fait lien dans certaines équipes et empêche les constructions et les évolutions possibles et développer le regard critique sur les médias.

Avec quelle entrée ?

« L’estime de soi », «  la réussite de toutes et tous » sont des entrées que l’on peut aisément partager.
S’entendre sur les valeurs partagées, le contenu des questionnements et les objectifs poursuivis.
Ouvrir les filières connotées à des projets pluridisciplinaires type sciences de l’ingénieur/philosophie qui permettent de rassembler filles et garçons autour d’un questionnement éthique. Projets de co-enseignement : outil d’accroche des filles et des garçons dans certaines filières.

Faire équipe autour de »la réussite de toutes et tous » dans l’établissement et sur un territoire.

Avec les familles en donnant sa place à chacun-e et les moyens d’une véritable implication.
Faire de l’école le lieu de cohérence globale d’un territoire : le lieu de rencontre des partenariats associatifs avec la ville et le quartier pour permettre aux élèves d’éprouver le sentiment d’appartenance à l’établissement, aux personnels de connaître et de s’appuyer sur les réseaux et relais éducatifs locaux et aux parents de gagner en lisibilité des acteurs et dispositifs et en possibilité d’implication réelle.