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Climat : 30 mots pour comprendre et agir

Cet ouvrage de 185 pages ne traite pas vraiment de questions éducatives et ne propose pas de pistes pédagogiques pour étudier les phénomènes de réchauffement climatique à l’école. Pourtant, nous avons choisi d’en rendre compte ici car il apporte de façon synthétique et avec beaucoup de clarté des éléments essentiels pour comprendre ce qui fait que la maison brûle et pour nous aider à ne pas regarder ailleurs. Tout enseignant ou formateur qui voudrait sensibiliser, voire mobiliser les jeunes sur ces questions si fondamentales pourrait tirer profit de ce livre très pratique, écrit par un des meilleurs spécialistes des rapports entre économie et climat, titulaire de la chaire climat à l’université Paris Dauphine et doué d’un sens pédagogique indéniable.
L’auteur a choisi trente mots essentiels qui nous permettent de faire un tour d’horizon très complet sur les questions qui se posent et renvoient à quatre axes : scientifique, politique, technique et économique.
Bien sûr, il y a au départ les bases de connaissances : inventaire des gaz à effet de serre (qui ne se réduisent pas au CO2), scénarios climatiques possibles selon le degré d’optimisme dont on peut faire preuve, niveau de la mer, extrêmes climatiques, etc.
Dans une seconde partie, sont examinées les différentes options politiques : les accords internationaux (et la difficulté de passer des mots à la réalité), mais aussi les réponses plus radicales à ce que Greta Thunberg appelle le Bla-bla (une des entrées lexicales du livre). On pourra avoir des données précises sur ce que sont le pacte vert pour l’Europe, la stratégie nationale bas carbone (SNBC) et l’accord de Paris sur le climat, que l’on ne connait pas si bien finalement.
Dans la troisième partie, Christian de Perthuis répertorie les différentes options techniques qui peuvent nous aider à éviter les catastrophes : les énergies renouvelables, l’agroécologie, l’hydrogène. Quelle utilisation des terres ? Comment lutter contre la déforestation ?
Enfin, la partie plus économique met en avant notamment l’importance de cet effet rebond, notion que l’auteur a contribué à populariser : plus on améliore par exemple l’efficacité énergétique, plus on risque de consommer davantage, ce qui relativise l’utopie confortable de la solution purement technique. L’ouvrage se termine sur un examen des mots croissance et décroissance, qui provoquent toujours des débats parfois bien simplistes. En fait, il faut bien admettre le cout de la sortie des énergies fossiles. Mais « la qualité de la vie pourra être maintenue ou améliorée, et la transition s’accompagner de redistribution interne au détriment d’élites qui, bien souvent, ont accaparé les rentes énergétiques à leur profit ».
En fin de volume, des chiffres clés sont exposés concernant les émissions des gaz à effet de serre et les évolutions bien inquiétantes de ces dernières années.
Pas de discours militant exalté, pas de vision simpliste et unilatérale, mais un état des lieux bien étayé et une ouverture du champ des possibles, qui ne nous conduise pas au grand effondrement, entre atténuation et adaptation.
À partir de ces données, on peut réfléchir à comment transmettre aux jeunes en particulier – si on pense qu’il s’agit là d’une mission prioritaire de l’école aujourd’hui – et comment cette transmission peut déboucher non sur la résignation ou le désespoir, mais sur l’action citoyenne.