Mai 1983. Le gouvernement Mauroy 3 l’a fait sans le dire. Le tournant de la rigueur. Finies les grandes réformes, on gère. Pourtant, pour ce qui touche à l’enseignement, tout n’est pas joué : la réforme des universités reste à adopter, le grand service public de l’éducation qui doit intégrer public et privé n’est pas encore enterré. Le ministre Savary peut espérer changer le lycée (Antoine Prost lui remettra un rapport en ce sens dans quelques mois) et d’abord le collège. Le rapport Legrand (février 83) donne naissance à la rénovation des collèges. C’est la révolution culturelle, mille fleurs vont s’épanouir. Les militants pédagogiques n’ont pas attendu ce grand soir pour s’engager dans le changement ! Ainsi ces professeurs de biologie dans le dossier des Cahiers pédagogiques n° 214, « Enseigner la biologie ». Et parmi eux, Nicole Dubois. Est-elle en avance sur son temps ? Sans doute pas tant que cela. Sauf sur un point : elle s’intéresse à l’observation. Observer en classe ? L’idée serait-elle si nouvelle ? Le terme est rare dans les Cahiers pédagogiques. Ou est-ce un effet de vocabulaire qui fait que l’on nommait autrement ce geste professionnel ? L’article fonctionne comme une mise en abime de différents niveaux de l’observation dans la classe. Voici une enseignante qui fait observer ses élèves, sa matière n’est-elle pas une science où l’observation joue un rôle déterminant ? Et tandis qu’ils observent, elle les observe observant, pour adapter ce qu’elle leur enseigne. Mais voilà qu’un troisième larron s’en mêle. L’inspecteur. Il vient l’observer, elle, enseigner et, la voyant observer ses élèves observant, il ne voit rien. Du coup, c’est elle qui, par un spectaculaire effet de miroir observe l’observateur en difficulté d’observer. À la page suivante, un décalogue imaginaire non signé. Juste là pour montrer la diversité des discours des inspecteurs, en ces temps révolus.