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Candides ?
Au mois de décembre prochain notre revue aura 80 ans. Ce numéro porte le numéro 600 (en fait, c’est le 709e parce que la numérotation actuelle a commencé en octobre 1957, mais qu’importe, le symbole est là). De ces anniversaires où l’on regarde le chemin parcouru et on se tourne vers l’avenir, sans concession ni illusion.
Comme celles et ceux qui nous ont précédés dans ces pages, nous avons connu davantage de déceptions que de réussites, nos idées éducatives n’ont pas triomphé. Lorsque des avancées ont eu lieu (la massification du 2nd degré, le socle commun, par exemple), elles ont souvent été suivies de régressions ou ont été vidées de leur substance par des mises en œuvre timides, tronquées, par l’absence de véritable formation, de volonté politique aussi. Nous ne sommes pas candides, et encore moins les « idiots utiles » (vilaine formule) des fossoyeurs d’une école qui aurait été émancipatrice dans un passé fantasmé. On nous prête une influence que nous n’avons pas : nous savons que nous sommes minoritaires.
C’est la faute à Voltaire.
Et pourtant, dans un monde qui va mal, nous continuons à défendre les idées, les valeurs, les pratiques de l’éducation nouvelle. Elle était nouvelle il y a un siècle et elle le reste. À l’heure où des ministres parlent de projet professionnel à l’entrée en maternelle et de portiques de sécurité à l’entrée des collèges et lycées, et croient trouver dans un apprentissage par le dressage la solution « efficace » à toutes les difficultés des élèves, nous défendons une éducation ouverte, la réflexion, la discussion, l’apprentissage par des voies multiples, l’initiative à tous les étages, l’école dehors !
Pas d’utopie : l’école de demain, c’est dans l’école d’aujourd’hui que nous y contribuons. C’est ici et maintenant que, inlassablement, nous discutons des possibles, proposons des pistes, regardons ce qu’elles produisent, tissons des convergences avec toutes celles et ceux qui refusent de renoncer, à petit pas. Notre outil et notre force, c’est cette vieille revue, ses lectrices et ses lecteurs. Ils la font vivre parce qu’ils en sont aussi les auteurs et les ambassadeurs. Si nous ne sommes pas candides, nous sommes militants, mobilisés et persuadés qu’un avenir peut être beau.
C’est la faute à Rousseau.
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