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Audio social, tu perds ton sang-froid

Ringard. C’est le cliché dont peut parfois souffrir l’audio face à la toute-puissance de l’image, qu’elle soit cinématographique, télévisuelle ou youtubesque. Mais aussi vrai que la naissance d’un nouveau média ne tue pas ses prédécesseurs, on assiste à un retour en force et en grâce de l’audio, qui gagne au passage un qualificatif : dites maintenant « audiosocial » !

L’arrivée de l’application Clubhouse en avril 2020 en est l’illustration. La plateforme permet de créer des sessions (les « rooms ») au sein desquelles seuls des échanges audios en direct sont permis, sans possibilité aucune d’enregistrement. Un réseau social en forme de salon de discussion. Si les premières critiques ont pu être narquoises, force est de constater qu’à peine un an après son lancement, tous les autres réseaux sociaux clonent cette fonctionnalité audio.

Une hypothèse au sujet de cette montée en puissance de l’audio : le trop-plein de consommation de vidéos, de visioconférences en télétravail et autres apéros Zoom. Comme un repos du regard, une mise en jachère visuelle, après une année confinée à se faire saigner les yeux.

Et si Clubhouse reste un (micro)phénomène, l’audio est la lame de fond média de ces derniers mois. Ainsi, après la révolution podcast du début des années 2010 (qui n’a pas abouti à la conversion espérée du grand public), une nouvelle vague de podcasts balaye les rivages des amateurs de son. Qu’ils soient natifs (purement créés pour le web) ou radio de rattrapage, indépendants ou produits par des studios de podcasts, les nouvelles productions et formats fleurissent de toutes parts.

Sa force, outre le fait qu’il s’écoute partout et qu’il est la voix de l’intimité et de la proximité : c’est un média de niche. Il en existe pour toutes les thématiques et sur tous les tons : de la tech trash funky à l’explication de thèse, vous trouverez forcément votre bonheur.

Et en éducation ?

De plus en plus d’institutions éducatives proposent leur podcast (réseau Canopé ou l’IH2EF) et surtout, les enseignants s’en saisissent comme ressources pour leurs cours ou en produisant des podcasts avec leurs élèves.

Contrairement à la radio scolaire, qui demande des compétences approfondies, le podcast est accessible parfois via une simple application. Et que dire des enseignants qui proposent la correction audio des copies ? Une autre façon de proposer proximité et pertinence de l’audio !

Enfin, la formation se saisit du podcast. Certains des épisodes de Nipédu sont ainsi utilisés dans des actions de formation en circonscription, en Inspé (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation) ou encore diffusés sur les ENT (espaces numériques de travail) des établissements.

Cela fait huit ans que Nipédu traine son micro sur les terres du podcast éducation : c’est rafraichissant cette nouvelle vague ! Tout fans d’audio que nous sommes, nous avons commencé l’expérience audiosociale avec le club Nipédu. Côté réseau social, avec l’audio, on peut espérer un débat plus apaisé que par des missives en 280 caractères : il est facile de déposer un écrit incendiaire anonyme, moins d’avoir à en débattre de vive voix. Wait and listen.

Régis Forgione, Fabien Hobart et Jean-Philippe Maitre

 


Un article paru dans le n°570 des Cahiers pédagogiques, en vente sur notre librairie:

Apprendre dehors

Coordonné par Aurélie Zwang et Jean-Michel Zakhartchouk

Après les confinements successifs, l’intérêt pour les pratiques d’éducation en plein air est grandissant. Inscrites dans l’histoire de la pédagogie, elles sont non seulement mises en œuvre à l’école, de façon régulière ou lors de sorties de terrain plus ponctuelles, mais aussi dans le périscolaire. Il s’agit dans ce dossier d’interroger ce qui s’apprend de spécifique dehors.