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« Aménager les temps pour le bénéfice des enfants »

Que répondez-vous aux critiques que l’on entend beaucoup en ce moment : cela fatigue les enfants, les activités sont confiées à des personnes souvent peu formées, cela coûte cher, ce n’était pas la priorité que de changer les rythmes ?

La réforme des rythmes éducatifs n’est qu’une pierre de la vaste Refondation de l’école, annoncée par François Hollande puis portée par Vincent Peillon. Je rappelle qu’elle réintroduit la formation des maîtres, qu’elle prévoit 60 000 embauches supplémentaires et qu’elle permet la scolarisation des enfants de moins de trois ans, entre autres. Si la question des rythmes était importante, c’est qu’il y avait consensus chez les spécialistes de l’éducation pour déplorer les journées trop longues et des semaines trop concentrées des élèves, qui nuisent aux conditions d’apprentissage. Si la réforme permet de mieux aménager les temps pour le bénéfice des enfants, pourquoi alors la différer ?
Son coût est d’environ 150 euros par élève et par an, ce qui ne constitue pas une dépense importante au regard de la politique éducative dans son ensemble. De plus, ils sont largement pris en charge par le fonds d’amorçage de l’Etat et par la Caisse d’Allocations familiales, la commune n’ayant plus qu’à financer le reste.
Les encadrants de ces activités sont, pour beaucoup, des agents qui travaillaient déjà avec nous à Paris auparavant et que nous avons fidélisés, en leur proposant des contrats stabilisés. De même, nous avons fait appel à des associations que nous connaissions pour intervenir notamment dans les ateliers bleus. Les ASEM en maternelles sont également amenées à revenir sur leur cœur de métier, car elles sont presque toutes titulaires du CAP petite enfance. Nous avons bien sûr parallèlement travaillé à une offre de formation continue pour améliorer les qualifications des personnels qui animent les ateliers.
Sur la question de la fatigue, il me semble qu’il faut prendre davantage de recul avant d’être catégorique. On ne peut conclure au bout d’un mois que la fatigue des enfants serait automatiquement liée à cette réforme. Il semble que les enfants sont toujours fatigués à cette période de l’année. C’est d’ailleurs aussi pour cette raison que Vincent Peillon a allongé la durée des vacances de la Toussaint.

Pouvez-vous nous citer des expériences réussies et les facteurs qui concourent à cette réussite ?

Je parcours de nombreuses écoles depuis le début du mois de septembre et les exemples sont nombreux d’ateliers réussis, comme celui d’une école du 19ème où des enfants chantent en anglais accompagnés par un professeur de conservatoire, ou encore cette école de la Goutte d’Or, quartier assez défavorisé de Paris, où il y a plus d’enfants qui participent aux ateliers de 15 heures que d’inscrits à la cantine le midi. C’est un signe que nous pouvons réussir, avec cette réforme, à toucher des enfants qui n’auraient pas eu accès à ces activités par ailleurs. Ce qui concourt à la réussite, c’est d’abord la qualité des intervenants et leur capacité à travailler en synergie avec toute l’équipe éducative. Tout le monde a fourni un gros effort en ce début d’année, au bénéfice des enfants, et je veux les en remercier.

Que conseiller à tous ceux qui dès à présent se préparent à mettre en place les nouveaux rythmes en 2014 ?

De bien peaufiner les projets école par école pour qu’ils soient en cohérence avec les attentes des équipes. Des associations d’élus comme l’Association des maires des grandes villes de France recueillent utilement les expériences de ceux qui ont, comme nous, appliqué la réforme en 2013.

Colombe Brossel
Adjointe au Maire de Paris chargée de la vie scolaire et de la réussite éducative