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Évaluation du travail des élèves

Après le colloque de 2008, « Évaluer l’évaluation », l’institut de recherche du SGEN-CFDT a poursuivi la réflexion en juin 2009 avec « l’évaluation du travail des élèves ». Comme pour le précédent opus les interventions sont reprises de façon très claire et respectueuse des auteurs. La richesse de la réflexion vient de la diversité des auteurs : chercheurs (sociologues, historiens, didacticiens…), acteurs (inspecteurs, enseignants, parents, élèves…) institutionnels et syndicalistes, français et belges francophones. L’approche est également très ouverte : quatre tables rondes nous conduisent de façon concentrique vers quelques propositions solides et pragmatiques.
La première partie intitulée « le travail des élèves, approches historiques » permet de situer la question de l’évaluation dans la longue durée et de montrer comment l’évaluation est devenue une question autonome quand le travail des élèves a cessé d’être au cœur du temps scolaire à l’école primaire (Anne-Marie Chartier) et dans l’enseignement secondaire (Philippe Savoie) laissant les élèves les plus démunis et leurs enseignants dans les contradictions que nous connaissons. Patrick Rayou constate à ce propos que tout se passe comme si l’on assistait à une « dévolution du sale boulot » (l’expression est de Jean Paul Payet) à travers l’externalisation du travail des élèves, des travaux répétitifs, de l’aide.
La seconde partie donne la parole à trois acteurs engagés (Jean Jacques Hazan, FCPE ; Clara Paul-Zamour, UNL et Pierre Frackowiak) qui dressent une sorte d’inventaire des obstacles au changement : la persistance de pratiques d’enseignement et d’évaluation qui oublient les élèves, qui négligent les apprentissages, qui privilégient la note et l’examen conçus comme des fins en soi, le classement, l’information de l’institution plutôt que celle des acteurs.
La troisième partie : « enjeux : au fait, qu’évalue-t-on et pourquoi ? » rend compte de recherches belge et française qui montrent la complexité des questions : la première (Marc Demeuse), forte de l’avance de la Belgique francophone en matière d’évaluation par compétences est une analyse fine du travail nécessaire pour éviter l’émiettement des compétences et pour aller vers l’individualisation des apprentissages. Avec la seconde Jean-Claude Emin dit ce que l’on sait du travail personnel des élèves et tout l’intérêt qu’il y a à aller explorer ce territoire méconnu.
Finalement avec la quatrième table ronde, on atteint le cœur de la cible avec trois contributions qui avancent des propositions. Eric Favey présente trois défis à relever : donner de la valeur au travail des élèves, tenir vraiment compte des évaluations, prendre en compte les compétences « non scolaires ». Guy Vauchel fait le point sur les positions du SGEN-CFDT en matière d’évaluation (pour ce qui touche aux examens notamment) et Jean-Michel Zakhartchouk conclut de façon efficace et pragmatique cette riche journée avec « dix propositions pour améliorer les pratiques d’évaluation » par lesquelles nous suggérons au lecteur pressé de commencer tant elles constituent un projet cohérent et réaliste auquel il ne reste plus qu’à s’atteler. Le prochain colloque de l’IREA, en décembre 2010, sera consacré au « socle commun en France et ailleurs ». On l’attend avec impatience.

Yannick Mével


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