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C’est la formation qui fera la réussite de la réforme

Être contre une réforme du collège, c’est pour certains, syndicalement ou pas, une seconde nature : réforme trop dure, trop molle, trop précipitée, pas adaptée, elle enlève ceci, elle rajoute cela, c’est horrible.
Laissons-les dans cette posture.

Mais ce qu’on sent chez beaucoup d’enseignants réticents ou sceptiques, c’est surtout l’inquiétude devant la tâche proposée. Il s’agit moins d’une opposition à la réforme que d’un « comment ferons-nous ? ». Et cette question, il faut bien l’avouer, ne reçoit pas jusque-là de réponse satisfaisante. On a bien cru voir une sorte de planning de formations par paliers et entendu parler d’éléments de calendrier, mais il nous manque des perspectives claires d’accompagnement pendant toute cette année scolaire.
De plus, on ne peut miser sur les seuls temps libres pour se former. Le lien étroit entre formation et action devrait inviter l’Institution et les établissements à faire preuve d’inventivité pour trouver des compromis qui ne pénalisent pas les élèves : c’est possible, nous le savons !
Le CRAP – Cahiers pédagogiques, qui soutient la réforme, lui applaudit au renouvèlement des formes d’apprentissage qu’elle va permettre au collège, et qui y voit une promesse accrue de lutte contre les inégalités, a, depuis le début, assorti ce soutien d’une insistance sur le corollaire indispensable de la formation.
Pour que les enseignants ne disent pas « les EPI nous prennent des heures de cours » mais se rallient à l’idée qu’une partie des programmes sera enseignée par projets, il faut autre chose que des discours : des journées de réflexion et de mise en pratique, de mutualisation des savoir-faire, de réflexion sur des modes d’apprentissage moins déclaratifs et plus impliquants.
Pour que les chefs d’établissement puissent mettre en place ces nouveaux fonctionnements en pleine coopération avec leurs équipes, il faut qu’ils aient eu ensemble le temps d’y travailler, de tâtonner, de se les approprier, d’en discuter pendant l’année qui vient. De cerner la diversité des questions qui vont se présenter, et les ressources et points d’appui (toujours nombreux) dont dispose l’établissement avec si nécessaire les apports d’intervenants extérieurs.
Il est urgent de changer le collège pour en faire celui de la réussite de tous, et pour cela on a besoin, aussi, de tous les enseignants. Cette indispensable adhésion ne tombera pas du ciel, et il ne faudrait pas manquer l’occasion d’un vrai changement faute d’avoir fait l’effort d’y impliquer vraiment tous les acteurs, là où ils sont, là où ils vont le faire vivre.