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Voyage au Centre de documentation et d’information
Troisième tome du collectif « Vivre au CDI », recueil de contributions de professeurs documentalistes, ce livre met en évidence les compétences de ces enseignants qui, avec énergie, multiplient les projets et les activités pédagogiques, le plus souvent en collaboration avec leurs collègues de discipline. Favorisant toutes les formes de coopération, ils ont à cœur la réussite de tous les élèves.
La première partie « Art et culture » apparaît la plus riche et la plus stimulante pour les collègues, débutants ou expérimentés : s’appuyant sur les nouvelles instructions relatives à l’éducation artistique et culturelle (histoire des arts, parcours d’éducation culturelle et artistique, référent culture, ateliers artistiques…), une large palette de pratiques artistiques est présentée ici. Si l’on voit bien le lien avec les intérêts personnels des uns et des autres, la mise en œuvre exige cependant des qualités d’organisation souvent invisibles, une inventivité sans faille, un gros travail de communication en interne et à l’externe. Le partenariat va de soi, les liaisons CM2/6e trouvent là une occasion réelle d’exister. Le professeur documentaliste n’hésite pas à se saisir de toutes les opportunités culturelles locales, institutionnelles ou non. Pour ceux qui en doutaient encore, il est bien un passeur culturel, un médiateur. Le CDI, lui, est « le lieu privilégié pour un dialogue des disciplines et pour un apprentissage de la mobilisation de savoirs » (p. 46).
La seconde partie s’intéresse à la formation des élèves à l’usage du numérique, indispensable aujourd’hui : carte heuristique, outils collaboratifs, médias sociaux, Webradio… sans oublier la question des ressources (quel contenu ? quel aménagement du CDI ?). Ici, l’on profite de l’accompagnement personnalisé pour éduquer aux médias et à l’information, là on met en place un « passeport pour internet ».
La troisième partie « Regards croisés sur notre métier » est nettement moins convaincante, même si les expériences contrastées rapportées soulignent l’importance du contexte local auquel le professeur documentaliste, responsable d’un espace dédié, doit systématiquement s’adapter. L’ouvrage gagnerait à aborder cet aspect-là par une réflexion plus théorique et distanciée, en lien avec les débats qui agitent la profession. À travers les récits se dessine en creux un enseignant passionné par son métier, appréciant la liberté pédagogique dont il dispose en l’absence de programmes. Aucune contribution ne réclame des heures d’enseignement fixes, même si certains, dans l’enseignement agricole en particulier, disposent d’horaires contraints avec quelques classes.
Les multiples descriptions d’activités pédagogiques confirment la place essentielle du professeur documentaliste, au collège, en lycée et en LP. Si le concret est à juste titre privilégié et mobilisateur, s’il souligne la vitalité existante, de trop peu nombreuses contributions mettent en avant les compétences documentaires et informationnelles visées à travers tous ces projets. C’est un regret dont une prochaine édition pourrait tenir compte : préciser les notions et savoirs info-documentaires implicites présents, faire plus de place aux références théoriques annoncées dans le sous-titre. Loin des déplorations récurrentes, l’ensemble de la profession pourrait alors se reconnaître dans ce foisonnement pédagogique. Oui, il est possible dès aujourd’hui d’être un professeur documentaliste enthousiaste, imaginatif, impliqué… et au final satisfait de son métier !
Lydie Heurdier-Deschamps