Les Cahiers pédagogiques sont une revue associative qui vit de ses abonnements et ventes au numéro.
Pensez à vous abonner sur notre librairie en ligne, c’est grâce à cela que nous tenons bon !

Une école de l’hospitalité

Qu’est-ce qui nous rassemble et nous lie ? Comment l’école peut-elle participer au double mouvement de connaissance et de reconnaissance des formes d’altérité et de métissage constitutifs de notre société ? Le paysage de notre pays est désormais multiculturel. À quelles conditions cette donnée peut-elle être considérée comme constituante du curriculum scolaire, comme un élément participant de la « culture légitime » ? Et quels sont alors les obstacles à lever pour que cette diversité culturelle prenne place parmi les savoirs scolaires ?

Sans doute faut-il d’abord définir la culture, les cultures, l’identité culturelle. Nous avons posé ces questions, dans un entretien qui ouvre le dossier, à Véronique Lemoine-Bresson et Virginie Trémion. Leurs apports permettent de lire chaque contribution avec la conscience de la fragilité des frontières entre la nécessaire reconnaissance des cultures et les risques, toujours présents, de l’essentialisation.

Forts de nos interrogations, nous nous sommes tournés, pour constituer ce dossier, vers des praticiens de tous les niveaux de l’école, des formateurs, chercheurs et acteurs associatifs. Et nous avons eu le plaisir de recevoir de multiples propositions de textes relatant des occasions de métissages culturels, pris en charge et intégrés aux cursus scolaires. Des parcours qui ne sont pas exempts de tensions, qu’il ne s’agit pas de nier ou minorer ; mais ce sont finalement les rencontres qui ont donné leur couleur au dossier.

Des rencontres rendues possibles, dans notre contexte sociétal et scolaire difficile, grâce à l’ouverture, à la ténacité pédagogique, à l’obstination à écouter et à considérer l’autre dont sont capables, dans leur diversité de statuts et de postures, les auteurs de ce dossier des Cahiers pédagogiques.

La première partie s’ouvre par la définition du sujet, puis invite à voir ce que signifie se rencontrer quand on est différents, de la maternelle au lycée professionnel. Les situations décrites concernent les enfants, les adolescents, les étudiants, les parents. La deuxième partie montre comment les savoirs enseignés — ici à travers la littérature, l’histoire, la géographie, les maths, l’EPS, la musique — peuvent se construire à partir de références culturelles variées, et viennent constituer alors, à travers des modalités pédagogiques construites, une culture commune à la classe. Enfin, la troisième partie aborde la question de la diversité linguistique des élèves et de leurs familles, mais aussi des enseignants, et de ce qu’on peut en faire en classe pour passer de la « barrière de la langue » à la richesse du plurilinguisme.

L’école a pour obligation d’accueillir tous les enfants sans restriction, sans condition. Mais, au-delà de cet accueil, il faut penser et travailler les conditions d’une inclusion pleine et entière des élèves, avec ce qui les constitue comme individus porteurs de savoirs et de cultures. En ce sens, l’hospitalité ne concerne pas seulement les personnes désignées comme vulnérables, mais bien un principe qui nous implique tous, et qui agit comme un révélateur de notre capacité à faire de la place à l’autre, à modifier nos propres représentations et pratiques sociales, à faire société, à faire corps.

Régis Guyon
Directeur adjoint de l’Institut français de l’éducation (IFE) de l’École normale supérieure (ENS) de Lyon
Catherine Hurtig-Delattre
Enseignante et formatrice

Sur notre librairie