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Une année en images au lycée Henri IV
Lorsque l’image est envisagée en classe, c’est le plus souvent avec une dimension critique, avec méfiance, pour dénoncer ses pouvoirs qui semblent « faire peur » aux pédagogues. En accord avec Philippe Meirieu , mais aussi avec des spécialistes de l’image face aux adolescents, comme Serge Tisseron ou J.-F. Vézina, nous avons pensé que l’image pouvait au contraire être un formidable outil de culture mais aussi de connaissance de soi, du monde qui nous entoure, pour peu que la parole vienne la relayer.
Notre objectif était donc d’intégrer l’image au cours de français et d’histoire géographie, mais aussi dans ces heures où l’adolescent se construit en tant que sujet autonome : les heures de vie de classe.
De plus, il nous a paru important que, dans ce projet, les élèves utilisent aussi l’image comme moyen d’expression personnelle, dans différentes activités et non seulement comme objet d’observation.
Les actions de la première année
Pour plus de lisibilité, nous avons distingué les images fixes et mobiles ainsi que les différents aspects de la citoyenneté que nous avons abordés.
Avec l’image fixe
– connaissance de soi :
- Photo langage utilisé et fabriqué
- Blason sous forme d’images
- Choix de photos d’actualité : choix personnel, puis travail sur les émotions, puis travail sur les archétypes.
– connaissance du monde :
- Photos d’actualité : comment a été traité le tsunami ?
- Les photos qui ont marqué l’Histoire : les photos truquées, manipulées
- Photo-reportage sur la ville.
– aspect culturel :
- La publicité ou l’art de persuader / Constitution de publicités pour des livre : etude de couvertures de livres et d’affiches de spectacles du festival d’Avignon
- Visite de musées
– Travail sur les perceptions de l’établissement :
- Totems des délégués
- Photo-langage : qu’est ce que le lycée évoque pour moi ?
Avec le cinéma
– Connaissance de soi :
- Établir sa filmographie personnelle
- Écrire une nouvelle et l’adapter
- Projection : Caterina s’en va en ville
– Connaissance du monde : Deux films projetés avec la M.J.C. et le ciné-club biterrois : BIG FISH et THE TRUMAN SHOW, ont servi de support à une réflexion sur la fiction et la réalité sous forme de café débat . Pour chacun des films projetés , des élèves ont élaboré une fiche technique et ont fait une présentation orale devant les autres élèves .
– Aspect culturel :
- Le film CARNETS DE VOYAGES a permis de mieux connaître l’Amérique du sud et Che Guévara.
- À travers le film LA CAPTIVE AUX YEUX CLAIRS, on a pu aborder le western comme genre codifié, élément de connaissance des lois et des régles, et thêatre du choc des cultures.
- François Truffaut a été interviewé post mortem après avoir visionné LES 400 COUPS.
– Travail sur les perceptions de l’établissement :
La vision du film ELEFANT a permis d’ausculter le système éducatif américain et de le comparer avec le notre sous forme de dissertation et de cafés débats .
Bilan pédagogique
Plusieurs aspects positifs sont à remarquer après cette première année. Tout d’abord, le plaisir partagé des élèves et des enseignants lors de cette expérience. Le cinéma reste, malgré l’évolution des pratiques dans ce domaine (vidéo , DVD , etc….), un lieu un peu « magique et un film vu en salle reste très marquant pour les élèves et les professeurs. Par ailleurs, la motivation des élèves pour toutes les activités menées autour des images a été notable.
Les réalisations des élèves ont été également de qualité, que ce soit des blasons ou des fiches techniques, les photos, la production vidéo s’avérant plus délicate. Ainsi, le travail fait cette année a été peu à peu connu dans l’établissement par le bouche à oreille. Ainsi, des collégues du collége ou d’autres collégues du lycée ont-ils envisagé de nous rejoindre pour compléter ce travail et même envisager une liaison 3eme 2nde autour de ces activités.
L’ouverture d’esprit et culturelle a également été perceptible, surtout pour les élèves des villages qui ont moins l’habitude des pratiques culturelles. On a pu constater un interêt plus vif pour ce qui concernait les images avec par exemple une attitude de spectateur plus critique, une attention dans le choix des films vus à la télévision , etc.
Les différents débats menés ont également montré que l’image permettait une parole plus élaborée. Le support du film, concret mais aussi riche en non dits et interprétation a permis une réflexion plus poussée et un chemin vers l’abstraction, si difficile à acquérir pour des élèves de seconde. On peut donc dire à ce jour que ce projet à permis à nos lycéens d’être plus citoyens et plus actifs dans leurs apprentissages .
L’aspect le plus innovant de ce projet, à savoir l’utilisation de l’image pour s’exprimer , mieux se connaître et donc mieux gérer ses apprentissages a également été très perceptible, car les élèves se sont énormément investis dans ce travail plus individuel.
Cependant, à l’heure du bilan, des points importants restent à améliorer, et notamment les aspects techniques. En effet, toutes les activités de manipulation ett d’expression par l’image se sont heutées à des difficultés techniques et à un manque de moyens important. C’est pourquoi nous envisageons de demander des subventions supplémentaires pour l’année prochaine afin d’éviter certaines déconvenues comme l’absence de caméra lors d’un rendez vous de tournage ou des problémes de répartition de l’unique appareil photo de l’établissement… Nos propres compétences techniques auraient peut-être aussi d’une aide plus « professionnelle ».
Laurence Fulleda, Véronique Gallix et Colette Meneau, Lycée Henri IV de Béziers.
Une version en pdf de cet article est en ligne sur le site de la Délégation Académique à la Formation des Personnels de l’Éducation National de l’académie de Montpellier.