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Un enseignement des religions à l’école ?

Sur le principe même de cet enseignement

Dans l’état actuel de nos réflexions, il semble qu’un certain consensus soit apparu au sein de notre atelier pour avancer les arguments suivants en faveur de cet enseignement :

  1. Le souci de connaissance des faits religieux nous apparaît comme une priorité politique : les adolescents (et les enseignants…) ont besoin, pour s’y retrouver sur le plan politique, d’avoir une meilleure connaissance et compréhension des phénomènes religieux.
  2. Il ne peut y avoir de choix sans règles de choix et connaissance. Il paraît important dans cette optique d’enseigner les religions — et non une religion — et d’en faire un objet de savoir et non de catéchèse, même si la réduction d’une religion à un savoir pose problème comme nous le verrons par la suite.
  3. La connaissance des religions différentes devrait être une source de tolérance (et d’acceptation des différences).
  4. On assiste, avec la déchristianisation, à une perte du patrimoine culturel français. La connaissance de ce patrimoine fait partie du « bien commun » à transmettre.

Sur la manière d’enseigner les religions

  • Nous avons trouvé davantage d’arguments en faveur d’une non-spécialisation de cet enseignement. Il nous paraît en tout cas important que tous les enseignants (et même l’équipe éducative) soient sensibilisés à cette question, informés, et reçoivent un enseignement sur les religions (qui pourrait se faire au cours de sessions, de façon discontinue, comme dans un atelier du CRAP…). Par ailleurs, il ne s’agit pas de créer une discipline de plus alors qu’on déplore la surcharge des élèves, ni de donner une place exorbitante à cet enseignement. De plus, à trop se marginaliser, le « cours de religion » pourrait se transformer, comme c’est le cas dans nombre d’aumôneries catholiques, en lieux flous de discussions qui répondent à une demande importante, mais différente, des jeunes. Il nous semblerait plus enrichissant que chaque discipline, à sa manière, depuis son point de vue, contribue à cette culture des religions, à des moments donnés et en fonction du programme (avec une centration peut-être sur l’histoire ?).
  • Quant à la difficulté à parler de l’extérieur à des individus qui vivent telle ou telle religion de l’intérieur (ou inversement pour un enseignant croyant), elle n’est pas non plus facile à résoudre. Il semble bien en effet qu’une religion ne puisse pas se réduire à un ensemble de contenus en sorte que pour certains, un enseignement des religions n’est pas pensable en dehors d’une catéchèse. On peut cependant envisager quelques éléments de réponse.
    Jacques George propose trois approches simultanées, car complémentaires, pour étudier une religion :

    • la religion telle qu’elle se définit elle-même ;
    • la religion telle qu’on peut l’aborder du dehors ;
    • la religion telle qu’elle est vécue.
      La première approche concernerait donc les livres sacrés, le dogme, les pratiques codifiées et la spiritualité, la seconde son aspect historique et la troisième est une approche davantage sociologique.
      Par ailleurs, on a insisté sur le fait qu’il n’y avait pas lieu de dissocier les faits religieux des autres enjeux culturels et qu’il ne fallait pas dramatiser les difficultés (le même problème se pose quand il s’agit d’aborder des questions politiques et sociales…).
  • Enfin, malgré l’existence d’autres modèles européens, on peut défendre la position laïque française, à condition de préciser qu’être laïque ne signifie pas « ne pas parler de religion ». Il faut éviter les tabous en matière de religions, ce qui est parfois le cas dans une position laïque dogmatique.

Atelier d’Élisabeth Bussienne et Jacques George.
Compte rendu rédigé par Violaine Houdart.