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Un diplôme en prise avec la réalité

La documentation est une discipline enseignée aux différents élèves de l’enseignement agricole qui doivent donc maîtriser les concepts et les techniques nécessaires à une recherche et à un traitement de l’information pertinents. Cet enseignement se situe toujours dans un module pluridisciplinaire dont l’objectif principal est la maîtrise de l’expression, de la communication et de la pratique de la langue française. Il ne s’agit pas ici d’enseigner les techniques pour elles-mêmes, mais bien de prendre appui sur des mises en situation relationnelles et organisationnelles afin de mieux comprendre le sens des activités proposées.
La perspective pluridisciplinaire, dans laquelle la documentation peut se situer, confère à la documentation un intérêt partagé par les autres disciplines scolaires.

Des programmes rénovés

La production du dossier documentaire demandée aux élèves de BEPA ( Brevet d’Etudes Professionnel Agricole) ou la mise en oeuvre d’une démarche de médiation documentaire requise pour les étudiants de BTSA (Brevet de Technicien Supérieur Agricole) ne constituent en aucun cas des activités guidées par le seul souci de la production. Il s’agit avant tout d’apprendre – que ce soit en termes de savoirs ou de savoir faire – et la mise en oeuvre de situations d’évaluation prend ici tout son sens. L’évaluation permet en effet de mesurer un degré d’assimilation, à un moment donné, de connaissances, de compétences et de comportements, pour permettre à l’élève de se situer par rapport aux objectifs définis dans les référentiels. À la suite de la dernière rénovation des diplômes de l’enseignement agricole, le référentiel de diplôme se décompose désormais en trois parties :
– un référentiel professionnel permettant l’analyse des emplois et du travail relatif au diplôme,
– un référentiel de certification comprenant la liste structurée des capacités évaluées ainsi que les modalités d’évaluation retenues. Chaque capacité exprime le potentiel d’un individu en termes de combinatoire de connaissances, de savoir-faire, d’aptitudes ou de comportements,
– un référentiel de formation qui donne la traduction des capacités à évaluer en terme d’architecture de la formation, de séquences de formation à caractère professionnel, de grille horaire et d’unité de formation.
Le professeur documentaliste doit donc concevoir pour chaque module un plan d’évaluation, constitué à la fois d’évaluations formatives et d’évaluations certificatives contribuant à la délivrance du diplôme.

L’exemple du BTSA

Les professionnels du monde agricole attendent de leurs futurs techniciens supérieurs la capacité à appréhender les faits sociaux, économiques et culturels au travers de la maîtrise de notions et de méthodes centrées sur l’acte de communication.
Les sciences de l’information-documentation contribuent à l’obtention de cette capacité, au travers notamment de l’acquisition d’une culture informationnelle, qui englobe non seulement des connaissances et des savoirs informationnels, mais un savoir-faire en termes de médiation. Les étudiants mettent donc en oeuvre une démarche de médiation documentaire qui consiste à prendre en compte un besoin d’information pour un public cible et à le satisfaire par la constitution d’un corpus de documents. Cette démarche permet d’aborder les notions et les outils propres aux sciences de l’information-documentation et prend comme support les thèmes socioéconomiques et culturels au programme.

L’évaluation

L’évaluation certificative du module comprend une première partie qui évalue la qualité de la démarche de médiation documentaire et du traitement de l’information à partir des productions écrites des étudiants et d’entretiens individuels. L’étudiant est lui-même placé dans une situation de médiation, de tri et de reformulation d’une information à l’attention d’un public ou d’un usager. L’enseignant documentaliste est accompagné dans la mesure du possible par l’enseignant de français. Le « produit » documentaire est un des critères d’évaluation mais non le seul : importe tout autant la stratégie élaborée en termes de recherche documentaire et de traitement de l’information.
Une grille d’évaluation élaborée par l’enseignant permet donc de caractériser la capacité de l’étudiant à mettre en oeuvre une stratégie de recherche documentaire ainsi que sa capacité à organiser l’information et à en réaliser une analyse critique. Un outil de suivi individuel du type « carnet de bord » (problématique, stratégie de recherche, fiche de lectures, bibliographie analytique, documents secondaires élaborés pour la médiation documentaire,…) permet de peaufiner cette évaluation en ne se limitant pas à la production finale, mais en se référant aux différentes étapes de la démarche.
La seconde partie de l’évaluation porte sur une argumentation orale qui intègre obligatoirement des supports de communication. L’étudiant argumente en s’appuyant notamment sur sa connaissance du sujet acquise au cours de la démarche de médiation documentaire.

La culture informationnelle est ainsi acquise en plaçant l’étudiant dans une posture de médiateur de l’information. Le choix est fait d’une évaluation réalisée au travers d’une mise
en perspective pluridisciplinaire, proche des situations que l’étudiant pourra être amené à rencontrer dans sa vie personnelle ou professionnelle. La maîtrise des concepts fondamentaux des sciences de l’information n’est pas occultée pour autant, mais elle ne prend tout son sens dans la formation comme dans l’évaluation qu’au travers de la mise en relation du besoin d’information et de son usage.

Sylvie Perget, Inspectrice de l’Enseignement agricole en documentation.