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Un cheval de Troie dans une usine à gaz ?

Le ministère, très (trop ?) prudent en matière de baccalauréat, a introduit en catimini, sans vouloir le dire clairement, une dose homéopathique de CCF, le terrifiant CCF, qui n’est pas un gaz à effet de serre ou destructeur de la couche d’ozone mais tout simplement un peu de contrôle en cours de formation.

Et au lieu de l’assumer en toute clarté et de modifier en conséquence les textes réglementaires qui régissent l’organisation du bac, le ministère a imaginé un dispositif d’une remarquable complexité pour y camoufler ce que le SNES a tout de suite reconnu et dénoncé comme le cheval de Troie d’un CCF à venir et portant atteinte à notre monument national : le bac. Il a introduit un recours en urgence auprès du Conseil d’État qui a refusé pour l’heure de statuer.

Beaucoup de bruit pour pas grand-chose : les TPE sont facultatifs au bac et seuls sont retenus les points supérieurs à la moyenne…

Car pour l’heure, tout le débat porte sur le fait de savoir si les professeurs en charge des TPE peuvent attribuer eux-mêmes une partie de la note du bac (8 points sur 20) aux élèves qu’ils suivent en cours d’année. Et je ne sais plus à combien de principes de la République, désormais en danger, une telle mesure porterait atteinte !

Or il s’est, depuis longtemps, instauré au lycée un contrôle continu plus ou moins sauvage que tout le monde accepte et dont personne ne s’offusque. En l’absence de toute organisation transparente et affirmée du CCF, chaque année quelque quatre-vingt mille élèves de terminale, parmi les meilleurs sont admis en prépa. Or comment accède-t-on aux CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles) ? Par le « COCO », contrôle occulté continu et opaque ! Et non par les résultats au baccalauréat qui ne sont connus qu’après cette admission sur dossier… Dans la plupart des lycées, les professeurs des disciplines « dominantes » organisent seuls cette admission et ont tout pouvoir pour arrêter les notes et les appréciations sans aucun contrôle de quelque instance que ce soit et sans recours possible pour les lycéens.

Pour comprendre la logique du dispositif ministériel et pour évaluer les TPE au bac, se reporter à la rubrique « Faits et idées », page 64, où nous vous proposons quelques outils.

Raoul Pantanella