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Photo Anne-Lise Roux

Comment, dès la maternelle, mobiliser les enfants pour leur faire se poser des questions sur des phénomènes de la vie quotidienne et notamment « pourquoi c’est comme ça ? ». Un article de notre hors-série numérique n°58, « Enseigner la science aujourd’hui ».

Notre travail est parti du constat que les sciences, dans notre école maternelle, abordaient trop peu souvent le monde de la matière et des objets. Aussi avons-nous décidé de travailler en ateliers décloisonnés sur cette thématique. Chaque enseignante a choisi une notion à aborder avec les élèves, sous la forme de deux séquences de quarante-cinq minutes chacune (douze séances dans l’année), avec un cahier d’expérience envoyé à mi-parcours aux familles pour informations et échanges avec leurs enfants.

L’idée centrale : permettre aux élèves de prendre conscience de phénomènes et de transformations liées au monde de la matière et des objets à travers une démarche d’investigation. Les élèves de moyenne et grande section de chaque classe étaient mélangés pour former des groupes de quatorze à quinze élèves (grâce à l’intervention de deux ou trois Atsem -Agent territorial spécialisé des écoles maternelles- pour prendre un groupe en charge avec un atelier jeux de société).

Nous présentons ici un exemple d’atelier autour de la mise en évidence de l’existence de l’air et de ses propriétés (parmi d’autres thématiques comme l’aimantation, l’électricité, « Flotte, coule », etc.).

Séance 1
L’enseignante distribue un ballon de baudruche à chaque élève et demande aux enfants de le gonfler
avec la bouche.

« Qu’est-ce qu’il y a dans le ballon maintenant ? Comment avez-vous fait pour le gonfler ? Est-ce difficile ? Pourquoi ? »
Les réponses d’élèves : « Il faut souffler dedans, c’est de l’air, c’est difficile, l’air passe dans le ballon. »
L’enseignante demande ce qui pourrait aider à gonfler le ballon. »
Suggestion d’un élève : « Une pompe comme pour les bouées. » (un gonfleur)
Lorsque le ballon est gonflé, l’enseignante demande aux élèves de pincer le bout du ballon afin de laisser
s’échapper « l’air » tout doucement. Puis elle demande aux élèves de souffler sur leur main pour sentir « l’air » sortir de leur bouche. Elle laisse s’exprimer les conceptions initiales sur l’air et elle les écrit sur une affiche.

Dans un deuxième temps, par groupes de quatre, les élèves doivent essayer de déplacer des objets et
matériaux uniquement en soufflant dessus avec une paille (plumes, balles en mousse, balles de tennis,
papier, carton, tissu, etc.).
Puis les élèves font part de leurs découvertes afin de verbaliser leurs actions.
« Pour gonfler un ballon, il faut souffler dedans, il faut envoyer de l’air.
— On peut déplacer les plumes, les feuilles, les foulards, en soufflant dessus : on fait bouger l’air.
— On ne peut pas déplacer du tissu, du carton en soufflant dessus, il faut avoir des objets plus
puissants.
— Dans la nature, le vent (mouvements de l’air) fait bouger les feuilles des arbres, les branches, les objets. »

Séance 2
Réactivation des expériences et des connaissances de la séance 1.
« L’air est partout, autour de nous (dans la classe, à l’extérieur), l’air soufflé dans le ballon.
— L’air est invisible.
— Certains objets permettent de créer des mouvements d’air (pompe, éventail, ventilateur, séchoir à
cheveux, etc.). »

Par groupes, les élèves font alors trois expériences :
• Souffler pour étaler les gouttes d’encre et mélanger les couleurs « Si on souffle “au-dessus” des gouttes, l’air “écrase” la goutte et l’encre ne s’étale pas. Il faut souffler horizontalement pour pousser la goutte le plus loin possible. »
• Souffler dans l’eau avec une paille, on obtient des bulles d’air.
« Plus on souffle fort, plus il y a de bulles. Ensuite, elles éclatent. »
• Placer un verre, avec un papier collé au fond, lentement et verticalement dans un saladier rempli
d’eau.
L’enseignante demande aux élèves : « Est-ce que vous pensez que si j’enfonce le verre dans l’eau, le papier au fond va être mouillé ou non ? »
Elle recueille les avis, puis demande à un élève de venir faire l’expérience.
Validation par tous les élèves : « Le papier n’est pas mouillé, l’eau n’est pas rentrée dans le verre. »
Conclusion des élèves : « Si on enfonce un verre doucement et verticalement dans le saladier, le papier
collé au fond ne se mouille pas : l’eau ne peut pas chasser l’air contenu dans le verre. »

Conclusion des deux séances sur l’air
« Qu’est-ce qu’on a appris ? », demande l’enseignante.
« L’air est invisible, il est partout autour de nous.
— Il n’a pas d’odeur : on ne le sent pas.
— Il n’est pas liquide (comme l’eau), il n’est pas solide (comme la glace ou les objets autour de nous),
c’est un gaz (lister d’autres gaz ?). »

Conclusion des ateliers de sciences
Toutes les enseignantes se sont beaucoup investies dans la préparation des séances et ont apprécié le
travail d’équipe avec ses nombreux échanges. Les Atsem ont pris très à cœur les activités et les groupes
dont elles étaient responsables. Les élèves réclamaient chaque semaine ces ateliers de sciences. À chaque fois qu’ils rapportaient leur cahier en famille, ils échangeaient ainsi sur les expériences réalisées en classe et sur les notions abordées. Le retour des parents était très positif et certains

Marie-Lise Roux
Professeure des écoles honoraire en Gironde, membre des Amis de La main à la pâte

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Hors-série numéro 58 – Enseigner la science aujourd’hui

Dossier coordonné par David Jasmin et Laurent Reynaud

Pourquoi et comment enseigner la science aujourd’hui ? Cette question s’éclaire d’un jour nouveau à la lumière des développements technologiques, des évolutions sociétales et des enjeux environnementaux qui se présentent à nous.
Un dossier en partenariat avec la fondation La main à la pâte.