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tpe sur TPE

AU LYCÉE GALILÉE DE GUÉRANDE, après la mise à disposition aux enseignants des très rares documents disponibles diffusés par les IA/IPR et le ministère, une première réunion générale a été tenue dès le 3 février 2000 pour confronter les informations et construire une acception commune. Puis, dès le début du mois de juin, j’ai élaboré une note de synthèse qui distinguait :
– définition et objectifs,
– détermination du sujet,
– phases successives,
– réalisation du dossier,
– modalités d’encadrement,
– modalités d’évaluation,
– thèmes probables.

Au début du mois de juillet les enseignants, partis en vacances, ont été informés de l’existence d’une brochure par l’expédition d’un courrier contenant, outre la définition des services pour 2000-2001, la photocopie des deux dernières pages (thèmes, sous-thèmes, mots clés par série).

Autant dire que si le démarrage des TPE était largement soumis à l’initiative des acteurs de terrain elle dépendait autant de l’impulsion donnée par les équipes administratives des établissements.

La mise en œuvre de ces TPE repose en effet d’abord sur leur inscription à l’emploi du temps des divisions et des professeurs. C’est à quoi s’est d’abord attachée Anne-Marie Letourneux, proviseure-adjointe et, durant cette sombre période pour la côte atlantique de l’été 2000, elle a pu faire en sorte d’aligner les deux heures de TPE par série à l’emploi du temps normal, en même temps que les professeurs en charge de ces TPE étaient disponibles au même moment. Gageure magnifique, gageure réalisée ! Pour les services des enseignants nulle hypothèque ne fut retenue : soit les TPE furent inclus dans les ORS, soit ils firent l’attribution raisonnable d’HSA, soit ils firent l’attribution contrainte d’HSE Tout cela fut détaillé en réunion de prérentrée, puis reprécisé par une note de service de fin septembre. La progressivité de la mise en œuvre fut respectée : octobre pour la série L, décembre pour la série ES, janvier pour la série S. Et c’est d’ailleurs pendant cette période que les stages de formation et d’information diligentés par l’inspection pédagogique régionale furent les plus nombreux (trente enseignants en tout).

L’aventure pédagogique commença alors avec les professeurs concernés, épaulés par les professeurs principaux et fut un retentissant succès, ici comme ailleurs, puisqu’on n’en parla pas dans la presse ! Pendant les conseils de classe furent diffusés les sujets retenus par les élèves et leurs professeurs et l’état d’avancement des travaux.

Puis vinrent les différentes soutenances dans les différentes divisions, suivies d’un bilan commun autour d’un questionnaire et lors d’une réunion générale.

Les jurys constitués autour des professeurs en charge des TPE, du professeur principal quand il n’était pas en charge de ces TPE, et d’un membre de l’équipe de direction eurent à évaluer les productions finales des travaux des élèves (exemples : série ES – « Paris 1900-2000 : événements et monuments » – « impact de la marée noire sur le tourisme » ; série L : « les femmes et la guerre 1939-1945 » ; série S : « principes et usages de l’échographie », « traitement de l’eau potable et des eaux usées »).

Le bilan commun fut préparé à partir d’un questionnaire distribué à chaque enseignant en charge des TPE bâti sur les axes suivants :
– préparation et lancement des TPE,
– réalisation des TPE et accompagnement pédagogique,
– votre appréciation sur l’ensemble du dispositif.

Les principaux enseignements de ce bilan sont les suivants :
– au titre des difficultés rencontrées :

  • le manque relatif d’encadrement des élèves au moment de la définition des sujets,
  • des recherches interdisciplinaires insuffisantes,
  • des soutenances qui se réduisaient à lire les travaux réalisés,
  • l’utilisation d’Internet comme potion magique,
  • des petits problèmes budgétaires (sur quoi imputer les réalisations des TPE ?),
  • la marginalisation très excessive des ressources matérielles et humaines du CDI,
  • l’instrumentalisation des mathématiques ;

– au titre des principales réussites observées :

  • la construction et la concrétisation de l’autonomie de travail des élèves,
  • le début du travail commun interdisciplinaire des enseignants,
  • le fort investissement des élèves et la très belle qualité de leurs productions.

L’aventure TPE va continuer l’an prochain non seulement en classe de première, mais aussi en terminale. La parution tardive de la circulaire de rentrée 2001 dans les lycées n’a pas permis d’organiser une réflexion commune plus aboutie que le bilan très encourageant décrit plus haut. Néanmoins les échanges directs et rapides avec les enseignants d’une part, et téléphoniques et ultra-rapides avec les proviseurs des lycées du bassin d’autre part, ont permis de dégager une position commune : tous les élèves de terminales devront s’engager dans les TPE et ceux qui le souhaitent pourront soutenir leur travail comme épreuve optionnelle supplémentaire au baccalauréat.

C’est en effet le volontarisme des équipes enseignantes et de direction, et la conviction que les TPE représentent une évolution très positive des études au lycée (confirmation du déplacement d’une pédagogie de l’imitation à une pédagogie de la réalisation) qui permettront l’implantation durable des TPE dans le PPF (paysage pédagogique français).

Michel Frappier, Proviseur du Lycée Galilée, Guérande.